Chevalière or 18 K et améthyste.

Bonjour à toutes et à tous,

Un été surchargé de travail et un automne qui le sera tout autant....voici une pièce qui m'aura occupé un peu plus de 25 heures, oui, mais que du bonheur à la cheville.



12 grammes or 18K



Lingot de départ en 9,5 mm d'épaisseur.



Une fois laminé à 30/10 mm, une section parfaitement parallèle permettra d'y inscrire l'améthyste dans un rectangle parfait. C'est grâce à cette méthode stricte que du début jusqu'à la fin de la fabrication seront maintenu les points de repère, nord, sud, est et ouest.



Ouverture approximative à la scie, ce qui permettra ensuite de fraiser une ouverture pour que l’améthyste puisse descendre en respectant parfaitement les quatre points cardinaux. Fastidieux, oui, mais super efficace.



Une fois la pierre descendue, il ne reste qu'à découper la sertissure suivant un tracé régulière fait au compas.



À noter ce petit point au bas de la sertissure qui représente l'axe est-ouest. Il sera présent tant que j'en aurai besoin.



Voilà donc une sertissure sans soudure, comme cela est toujours possible en joaillerie peu importe la forme ou la dimension des pierres à monter.



Angle interne sur lequel la pierre prendra appui au moment du sertissage.



Préparation dans un autre plané de 30/10 mm de la partie en pente qui sera soudée sous la sertissure.



Découpage et mise en angle intérieure de cette deuxième pièce de la chevalière.



Il ne reste qu'à les souder et rectifier le tout à la lime.



En joaillerie on DOIT toujours débuter par l'ajustage des pierres dans leurs sertissures, voilà pour cette chevalière qui est fait.



Une courbe qui sera absolument parallèle à la base ajourée de la chevalière. ( À noter... toujours ce point qui marque l'axe est-ouest )



Base parallèle qui elle aussi permettra de conserver ces axes primordiaux garantissant au final une bague parfaitement d'aplomb.



Soudure des quatre premiers picots. À noter le chemin du fil de fer pour immobiliser le tout le temps de la soudure.



Soudure de la sertissure à la base de la chevalière, pour l'instant encore trop grand.



Découpage partiel de la base.



Souvent pour le plaisir je remets la pierre en place, mais pas que, cela permet AUSSI et SURTOUT de vérifier que tout se passe comme il se doit.



Ajustage du corps de bague, en prenant soin de ne surtout pas être à une taille de doigt trop grande que prévu. Il est si facile d'agrandir un tout petit peu par la suite via un léger martelage du corps.



Désolé pour les couleurs grisâtres, la photo ayant été prise à ma cheville. Les deux paillons sont installés à l'intérieur de la chevalière, le tout posé sur une mini perruque faite en fil de fer.



À droite deux rectangles parfaitement identiques qui deviendront les deux principaux motifs décoratifs '' Fleur de Lotus '' de cette chevalière.



Mise en forme du profil de ces fleurs de lotus.



Ajustage brut de ces deux motifs entre corps de bague et sertissure. La sculpture de ceux-ci ne se faisant qu'une fois après.



Tenu ferment sur le ciment d'un bâton de sertisseur, la sculpture à l'échoppe, plate et pointue, de ces motifs est un réel et très grand plaisir, une question de patience aussi.



Encore et toujours attacher avec du fil de fer, pour souder avec l'esprit en paix.



Vient de s'ajouter le lien double, fait d'un seul petit plané divisé en deux à la scie et sculpté à la lime, délimitant la base des fleurs de lotus. Un petit détail qui a toute son importance.



Brut...avant d'envisager le polissage et le sertissage. Un peu plus de 12 gramme d'or 18 K et un peu plus de 25 heures de bonheur à la cheville.



Une petite gravure discrète jouant le rôle de la tige des fleurs de lotus.



Les bords de la sertissure sont droits et le dessus parfaitement plat.......mais...



mais...pour sertir, il faut absolument limer un chanfrein. C'est lui, lui seul, qui permettra de pousser à la main avec une masse de sertisseur le métal à rabattre par dessus le feuilletis de l'améthyste, évidemment sans déraper. Pour cette raison, je veux toujours sertir seul et dans un calme complet. La réussite finale en joaillerie se joue à ce moment bien précis.



Ne reste que la livraison....à cette heure déjà faite.



Respecter le temps nécessaire, seule condition pour être heureux dans un métier ou dans une profession.



Un bijou, comme tout autre objet ou toute autres créations de la nature se doit d’être beau et maîtrisé dans toutes les directions de l'espace.



Solide et durable, simple ou complexe, un objectif logique depuis la nuit des temps pour les artisans.





Je tiens à remercier mon client pour sa formidable patience, doublée d'une diplomatie rare de nos jours. Remerciement aussi à Patrick Dubuc, extraordinaire lapidaire de Québec , qui a taillée cette superbe améthyste. Sans lapidaire, nous, les joailliers, ne sommes rien. Belle et bonne journée à toutes et à tous.

Belle et bonne journée...si question ?...je réponds toujours.    

Michel Zim

Superbe tuto...

bravo, tu nous régales!

Toujours impressionnée par la rigueur et la précision de ton travail

Même si l'esthétisme de ce genre de bague n'est pas de mon goût, c'est un très bel objet, bien équilibré dans les masses et on voit bien ta maîtrise de la matière et de la conception dans toutes les étapes depuis le lingot !

Bonsoir Michel,
Je suis admiratif devant ton "reportage " et je peux mesurer le chemin restant à parcourir pour juguler une telle maitrise de cette réalisation ,ce qui m'impressionne c'est le découpage de tes séquences photographiques à chaque stade de la réalisation du projet .
Merci pour cette bible que tu nous "fabriques" chaque jour et ce  partage sur ce forum !
bien cordialement
Guy

Bonjour Michel

Merci encore pour nous montrer ce type de travail, j'apprécie énormément ces "lessons" de joaillerie…

Je remarque bien le détail que tu donnes à ces palmettes faisant qu'elles arrivent en bas de la sertissure suivant l'écart du bâtage, et l'écart vers les liens doubles aussi, des mini détails qu'en dissent bcp…

A quel moment viennent s'intégrer les deux picots E-O ? Après avoir soudé les décors j'ai l'impression, mais pq ce choix…

Merci pour toutes ces photos magnifiques qu'en dissent tant !



@+

Bonjour Doblezeta,

Dis donc, tu observes bien...

A quel moment viennent s'intégrer les deux picots E-O ? Après avoir soudé les décors j'ai l'impression, mais pq ce choix… ?

Parce que je voulais que les quatre derniers picots soient soudés pile à côté de la pointe de la partie batage sous les fleurs de lotus, il fallait donc attendre que les lotus soient soudés en place et le dessous parfaitement (découpé, limé et émerisé ) de formes identiques aux fleurs de lotus...voilà pourquoi j'ai attendu un peu tard..... de cette étape il n'y pas de photo.

Belle et bonne journée.

Michel Zim ( J'espère avoir été clair... )

Bonsoir Michel

Eh oui…

Oui c'est très clair, les arguments sont plus que convaincants…
Merci !




@+

Magnifique

Merci pour ce reportage

J'adore

c'est vraiment une chevalière magnifique! merci pour les tutos

Bonjour Michel,
Magnifique travail comme toujours! Ca me rappelle des souvenirs d'ajustages...
Par contre, les photos macro sont toujours aussi traitres... on voit un très très léger manque de soudure sur un picot
Après, personnellement, d'un point de vue esthétique, je trouve le chaton un tout petit poil trop haut. J'ai l'impression qu'il y avait un peu de marge entre la culasse et le doigt mais je peux me tromper. De plus, je sais que les photos macro sont souvent trompeuses sur les proportions du fait de la déformation optique donc cette impression ne serait pas forcément vérifiée face au modèle réel.
A bientôt et bonne continuation,
Tino

Bonjour Tino,

J'ai l'impression qu'il y avait un peu de marge entre la culasse et le doigt mais je peux me tromper.

Tu ne te trompes pas.

Effectivement les photos macro changent un peu les proportions, mais que puis-je faire d'autres si je veux montrer les étapes de fabrication... .

Belle journée Tino, heureux de t'avoir lu.

Michel Zim

  Superbe,digne d'un Médicis ,on la verrait presque sur un gant noir
en satin !

Je viens de voir ce post, belle réalisation Michel, bravo !

Julien.

Citation :

Effectivement les photos macro changent un peu les proportions, mais que puis-je faire d'autres si je veux montrer les étapes de fabrication...    .

Ok, la prochaine fois que je viens au Québec, je passe par ta boutique/atelier, comme ça je verrai les vraies proportions pas celles des photos...  
A bientôt,
Bon dimanche,
Tino

Bonjour Tino,

Tu viens quand tu veux à Québec....on fera la fête

Belle journée, porte toi à merveille.

Amitié

   

Michel Zim


Salutation Julien356, si tu passes à Québec ce sera aussi la fête.   J’inviterai Patrick Dubuc.

Citation :

Tu viens quand tu veux à Québec....on fera la fête  

Cet hiver ce sera plutôt vacances au soleil... mais sinon, avec plaisir...
Et bien envie de passer voir la petite famille québécoise un de ces quatre... surtout qu'elle s'est dispersée dans le Québec entre Montréal, Rimouski et le Bic et qu'elle s'est agrandie !
A bientôt,
Tino

Bonjour Tino,

Profite bien du soleil......le nôtre sera froid cet hiver...très très froid.

Belle journée.

Michel Zim

Bonjour Michel,

Bravo pour cette bague ! très bien réalisée, sans bavures !
Je me demandais une chose :

Après le sertissage clos, l'échoppe laisse toujours quelques traces sur le chanfrein ?( comme elle est légèrement limée pour ne pas déraper )... comment faire pour émeriser et repolir nickel sans toucher la pierre ? ( je me suis fait avoir tellement de fois.... peut-être qu'il faut protéger la pierre ? ou être vraiment très minutieux et travailler avec des outils minuscules ?? )

Bonjour Pec,

Une fois le sertissage terminée, je passe une lime triangle aiguille douce ( numéro 6 ) sur le chanfrein  et ensuite je passe directement au polissage avec un feutre dureté moyenne et ma pâte à polir Lustra bar. C'est avec mon pouce gauche que je peux guider la lime tenue dans la main droite pour ne limer que le chanfrein et rien d,autre, donc sasn danger pour la pierre.

Jamais au grand jamais une fois le sertissage terminé ( avec la masse ), il ne faut utiliser de l'émeri     , ni même des meules de caoutchouc     ...beaucoup trop dangereux.

Autre chose, je poli aussi le filet du sertissage avec un très petit disque de feutre dureté moyenne, ce qui est facilité par le fait que je n'écrase jamais le métal contre la pierre. je laisse toujours une courte distance entre la surface de la pierre et l'extrémité du métal rabattu par dessus la pierre.

Espérant te mettre sur la bonne piste, malgré ce que trop souvent on voit sur des vidéos à l’américaine...et pire ce que racontent parfois certaines écoles pour la finition du sertissage en général.

Belle journée



Michel Zim

Merci pour ces conseils techniques !

ca va me faire gagner du temps !
( même si j'ai du mal a croire qu'on puisse limer puis polir et se retrouver sans aucune rayures a la fin ! )

Bref, j'ai la preuve en images, y'a plus qu'a ...!

Bonjour Pec,

même si j'ai du mal a croire qu'on puisse limer puis polir et se retrouver sans aucune rayures a la fin !

Hé oui, lime douce aiguille numéro 6 et ensuite directement pâte à polir, ce qui est important, avec feutre de dureté moyenne taillé en biseau , en croisant les traits comme on le ferait avec une lime.

Tiens nous au courant.

Très belle journée.



Michel Zim

Solide travail, superbe dans tout les angles.

[quote="Admin"]
voici une pièce qui m'aura occupé un peu plus de 25 heures, oui, mais que du bonheur à la cheville.
/quote]
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Un heureux fouineur à trouvé une bague un peu dans le même genre    ,dans
la forêt de Sherwood (celle de Robin des Bois ) , elle daterait du XIV sciècle, ce qui m'étonne c'est la taille de la pierre,un saphir.

Je croyais qu'à l'époque on se cantonnait aux cabochons sertis, or là les griffes et la pierre paraissent "modernes"....

Je sais pas mettre le lien ,mais en tapant :
" il trouve une bague médiévale en or dans la forêt de Sherwood
" sur Google on voit un article sympa et les photos.



( j'espère que des tatillons vont pas débusquer que c'était une "fonte"   ...)



Dot Boughton compare la pierre de Saphir de cette bague, à gauche, a celle retrouvée sur celle de l’archevêque du Canterbury William Wytlesey, à droite, décédé en 1374.

SOURCE: https://ilovedetection.com/il-trouve-une-bague-medievale-en-or-dans-la-foret-de-sherwood/

Bonjour d'aymont,

Merci pour cette information.

Je me suis permis d'ajouter dans ton post les photos de la bague en question du 14 ième siècle !!!

Honnêtement je ne sais pas trop quoi en penser !!!!

À première vue on peut imaginer que la bague est faite en deux parties, une linge de soudure semble être visible entre le chaton et le corps de bague.

Affaire à suivre....attendons la confirmation par le Coroner du British Museum

Belle et bonne journée



Michel Zim

Oui, c'est vrai on a l'impression floue qu'il y a une ligne  , et à la limite celle
de l'évêque  pourrait aussi en avoir eu une ,plus dissimulée

(C'est amusant le petits dessin un peu naïfs/religieux de part et d'autre,
c'était peut-être la chevalière de Frère Tuck ... )