| Bijoux à la cheville Forum d'échanges et de partages UNIQUEMENT consacré à la fabrication de bijoux faits entièrement à la main sans aucun moulage. Les apprentis, les artisans et les amoureux sont les bienvenues. Vous y inscrire vous obligera au respect de cet objectif. |
........................................................Vous aimez la bijouterie-joaillerie faite entièrement à la main sans aucun moulage !!!!!!!!!.........Alors vous êtes ici sur le bon forum. Un forum de milliers de passionnés, heureux de partager leurs expériences, depuis plus de treize années déjà. Au plaisir de vous lire. Très belle journée à toutes et à tous............. |
| | Expérience inattendue | |
| | Auteur | Message |
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laurent M
Messages : 76 Date d'inscription : 30/01/2014 Localisation : en terre camarguaise, Aigues Mortes
| Sujet: Expérience inattendue Mer 5 Fév - 10:13 | |
| Bonjour à tout ceux qui me liront. J'ai choisi "les sujets libres et philosophiques" pour vous raconter cette expérience qui m'est arrivé sur 3 années. C'est une expérience personnelle , mais je profite d’être sur ce forum pour partager mon expérience. CETTE EXPÉRIENCE : Je pense que tout artisan a reçu des candidatures pour des stagiaires ? Pour ma part, j'ai reçu 3 à 4 jeunes étudiants de 3eme ou plus, désireux d'avoir plus de renseignements sur ce fabuleux métier.... Devenir BIJOUTIER.... "ah!! mais , on a les mains sale après??" " Houlalala, je vais abimer mes ongles ?" " Et, on gagne beaucoup d'argent? On devient vite riche ? Ah? Non ? Pourtant , dans les films ...." Et j'en aurais bien d'autres... Donc , durant plus de 15 ans j'ai reçu divers petits(es) stagiaires de différents horizons avec des visions bien divergentes sur la réalité de ce métier. Peu ont suivi la route des écoles pour des formations dans cette profession. Et puis, un jour, j'ai reçu un coup de téléphone d'une personne me demandant si je pouvais recevoir 2 jeunes filles, pour un stage en bijouterie durant 1 semaine. afin, de ne pas perdre mon temps (car il en faut pour leur expliquer et les suivre durant leur séjour) - je lui demande si elles sont motivées. - Plus que ça, monsieur, c'est leur rêve à toutes les 2. Elles ont 18 ans et 16 ans, et désirent en faire leur métier. - Alors, avec plaisir. Donnez-moi les dates ? - La seule chose, c'est que l'on ne sait pas si leur rêve est réalisable. - ?????? La personne que j'avais au téléphone, était le responsable d'un centre éducatif pour enfants malentendants. Après, plusieurs mois de négociations avec le directeur et les responsables régional, le stage a été validé, et j'ai reçu ces 2 jeunes filles SOURDES ET MUETTES. L’expérience fut tellement enrichissante, que je l'ai renouvelée à 7 reprises durant 3 ans Après ma cessation d'activité, le responsable du centre m'a recontacté, déçu de me dire qu'aucun autre atelier n'avait voulu jouer l’expérience avec ces enfants dont le handicap n'est pas du tout un frein à ce métier (au contraire). Aucune de ces jeunes filles n'a pu poursuivre son rêve, car aucune école publique, aucune formation privée et surtout aucun professionnel n'a pris le risque de donner de son savoir ou de les suivre dans l'apprentissage de ce métier. Ma conclusion de cette expérience, si un jour je ré-ouvre un atelier, il sera assez grand pour pouvoir accueillir ces stagiaires au profil non conventionnel, pour en faire des apprentis et éventuellement leur donner leur chance pour pouvoir exercer un métier qui leur plait , car leur motivation d'apprendre est bien au-dessus de leur handicap. Voilà, je voulais juste partager cette expérience exceptionnelle (pour moi) avec vous, artisans autodidactes, confirmés ou maitre dans votre art. Et vous, avez-vous déjà vécu une telle expérience ? Vous êtes-vous déjà retrouvé confronté à une demande et de ne pas pouvoir trouver de solution. Vous battre pour une cause , qui ne vous empêchera pas de dormir ,mais qui pourrait changer la vie à d'autres personnes (au niveau professionnel bien sûr. Il y a bien d'autres combats que l'on ne peut être sur tous les fronts..) Pour vous , la TRANSMISSION DU SAVOIR doit-elle être réservée aux écoles professionnelles , ou au maitre d'apprentissage ? J’espère , ne pas vous avoir trop ennuyé avec mon histoire, mais j'avais vraiment envie de vous la faire partagé vous artisans de tout niveau du monde entier inscrit sur ce forum. Belle journée laurent M |
| | | Admin Admin
Messages : 34880 Date d'inscription : 05/08/2009 Age : 70 Localisation : Québec Canada Voie Lactée Laniakea
| Sujet: Re: Expérience inattendue Mer 5 Fév - 12:46 | |
| Bonjour Laurent M, Ton expérience est touchante tout comme ta conscience de ce devoir de transmission...comme tu te doutes bien je suis fortement préoccupé par toutes ces questions. Recevoir des stagiaires, avec ou sans handicaps, demande beaucoup de temps et de générosité de la part d'un artisan en exercice car on peut dire qu'il ne produira que très peu de bijoux pendant la durée des stages en question. Pour ma part, je ne peux pas dire toujours oui à toutes les demandes qui me sont faites, certaines étant parfois de faibles motivations et même une fois, il y a plusieurs années carrément extrêmement difficile à supporter tellement le caractère du jeune garçon était celui d'un ado...pas encore calmé. Sauf cette exception ce fût et c'est toujours pour moi un plaisir de guider des personnes qui veulent à tout prix apprendre. ce super métier. Bref...tu demandes si..................... Pour vous , la TRANSMISSION DU SAVOIR doit-elle être réservée aux écoles professionnelles , ou au maitre d'apprentissage ?Surtout pas....uniquement aux écoles....car malheureusement elles ont fortement tendance à être trop aux services des donneurs d'ordre et à ne plus croire suffisamment en l'avenir des artisans indépendants, comme si toutes et tous devaient gratter de la fonte pour des grandes marques ..... Nous avons, je pense, le devoir, à la fois par ce forum, mais aussi via des sites internet ou des blogs de tout dire, de tout raconter, ce qui d'une part ne peut que aider jeunes et moins jeunes mais aussi faire comprendre aux écoles qu'elles sont sous surveillance, tant à propos des techniques classiques que pour la défense d'une certaine morale du métier fait à la main sans aucun moulage. Voilà...je pourrais causer des heures ( comme toi j'imagine ) de ce sujet...il est tôt je dois aller un peu dormir. À suivre...passionnante discussion...merci à toi... merci grandement Michel Zim _________________ Tout ce qui vaut la peine d'être fait, vaut la peine d'être bien fait.
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| | | laurent M
Messages : 76 Date d'inscription : 30/01/2014 Localisation : en terre camarguaise, Aigues Mortes
| Sujet: Re: Expérience inattendue Mer 5 Fév - 16:00 | |
| Je suis d'accord avec toi au sujet des écoles, qui organisent les formations en fonction des demandes des entreprises (usines) et à fournir de la main d'œuvre juste pour faire du " grattage de fontes ". J'ai eu l'occasion de discuter avec différents élèves de lycées professionnels de différentes régions (Paris, Lyon, Marseille, Morteaux) françaises, lors de mes différentes expo dans des salons professionnels (PRINT'OR Lyon /BIJORCHA Paris) et tous m'ont posé la même question : " Y a t il une place pour la créativité dans ce métier?" " Ce que vous faites est génial, mais nos profs nous disent , qu'il n'y a aucun débouché" (au passage cela me faisait plaisir) Je leur répondais, "que s'il n'y avait pas de place à la création, alors qu'est-ce que je faisais ici ??? Si ils vous disent ça , c'est justement pour ne pas perturber un famille bien trop tranquille dans leur règne sur une profession" Je trouve absurde et stérile de cloîtrer cette profession juste à faire du "grattage de fontes" ou "monter des arbres dans des cylindres de plâtre" Bref, peut-être que je rêve encore d'une époque , ou l'artisanat se développait dans la créativité..... d'une époque , ou tout n'est pas réglé autour des industriels qui règlent leurs lois d'une main de fer. (j'en ai subi quelques inconvénients) mais cela est une autre histoire.................. Mais, je reste persuadé qu'il y a bien une place pour la création dans ce métier, qu'il faut le transmettre avec les outils d'aujourd'hui. Et un forum comme celui-ci en est le bon exemple.. au vue des nombres d'inscrits. GRAND MERCI A TOI ADMIN DE L'AVOIR FAIT MERCI MR ZIM laurent M |
| | | bananen
Messages : 126 Date d'inscription : 11/01/2014 Age : 38 Localisation : Antananarivo
| Sujet: Re: Expérience inattendue Mer 5 Fév - 17:06 | |
| - laurent M a écrit:
Devenir BIJOUTIER....
"ah!! mais , on a les mains sale après??"
" Houlalala, je vais abimer mes ongles ?"
" Et, on gagne beaucoup d'argent? On devient vite riche ? Ah? Non ? Pourtant , dans les films ...."
laurent M Ça m'a beaucoup fait rire ! Cela me rappelle l'époque où je suivais des cours d'archéologies à l'université et où les gens imaginaient que j'étais un Indiana Jones en puissance. Plus récemment depuis que je suis négociant en pierres gemmes les gens imaginent que j'ai une vie à la Leonardo DiCaprio dans Blood Diamond alors que je passe plus de temps à boire des Three Horses Beer que de parcourir les plaines désertiques du sud de Madagascar. |
| | | TimTamTom
Messages : 4613 Date d'inscription : 10/11/2011
| Sujet: Re: Expérience inattendue Mer 5 Fév - 18:21 | |
| Bonjour Merci pour le partage de cette expérience remarquable. Les élèves qui arrivent dans ma classe de cap ne savent même pas pour certains que c'est un métier Manuel!! Et ils sont la pour deux ans, vu que la réorientation est quasi-impossible. Déception parfois, mais le goût du travail difficile mais bien fait vient aussi parfois avec les semaines! Il faut aussi essayer de susciter de l'intérêt... Chose délicate par moment. Les écoles forment des exécutants... C'est évident. C'est même la définition actuelle du cap. Mais la création au sens large, création formelle ou création d'entreprise doit elle s'apprendre de 15 a 17 ans... Dans une filière technique? Si je prends l'exemple de mon grand père, artisan joaillier, en atelier, pendant un temps avec une boutique mais ça n'a pas duré, et avec plusieurs employés (j'ai encore le bel établi a 5 places). Cette volonté de créer ou d'entreprendre, il ne l'avait pas apprise a l'école. D'ailleurs, il n'y est pas allé a l'école, il a fait un apprentissage et puis petite main... Et puis un jour a son compte, etc... Tout ça pour dire, qu'à mon avis c'est principalement une question de tempérament et pas vraiment de formation scolaire. Un sens du commerce, une envie de liberté, un désir de créer quelque chose a soi et de prendre des risques. D'accepter de renoncer au confort... Etc. Sans ça, il vaut mieux être salarié. Je dis cela sans aucun jugement de valeur. Pour moi les deux sont nécessaires et indispensables. Le dma forme plus a devenir entrepreneur, créateur, ou comme on veut appeler ça. Enfin, dispense des cours de gestion, accentue le travail artistique, et prépare à l'autonomie. Moi, je suis très surpris par l'absence totale de créativité chez mes élèves. S'il n'y a pas de modèle... C'est comme une poule devant un couteau. Et les artisans locaux font très bien ce qu'ils savent faire, entièrement à la main d'ailleurs. Mais sortis de ça... Ils ont des modèles qu'ils maîtrisent et qu'ils déclinent. Fort joliment. Mais est ce de la créativité? De la production certes oui. Et que penser des ouvriers et artisans bijoutiers du XIXème début XXème? Le métier employait beaucoup a l'époque. Mais beaucoup d'exécutants, qui maîtrisaient leur technique, reproduisaient a la main des modèles... Mais sans aucune créativité. Le style étant délégué aux dessinateurs ou aux revues nombreuses a l'époque. Beaucoup de petite bijouterie, pour tous les publics. Ce qui maintenant se trouve en Inde, au Maghreb, etc. Quelle différence fondamentale avec les actuels gratteur de fonte? Ne croyons pas que toute la profession peut être faite de créatifs. Le problème affreux, c'est que cette industrie de la fonte ne mènera nulle part. Emploiera de moins en moins car la technologie va évoluer, et se délocalisera forcément car le savoir faire et la qualification demandés pour ce travail sont faibles. Restera, si nous sommes assez forts, le savoir faire très pointu de la haute joaillerie. Qui met des années a se maîtriser et de transmet difficilement. Quelle vision d'avenir pour la profession??? L'industrie? Je ne pense pas... En tous cas pas en croissance ni a long terme. L'artisanat? Sûrement plus, mais y a t il de la place pour beaucoup? Et puis comme je disais, il faut avoir le tempérament pour. Ça ne s'apprend pas. Mais je ne suis pas pessimiste! Au contraire. Je peux me tromper Bonne soirée |
| | | agoineau
Messages : 557 Date d'inscription : 25/06/2011 Age : 86 Localisation : Saint Pierre & Miquelon/ hiver à Lyon
| Sujet: Re: expérience inattendue Mer 5 Fév - 19:09 | |
| Bonjour Laurent
d'abord,merci pour ce partage de ton expérience, que j'ai trouvé très émouvant. Je ne m'attendais pas à la suite, après "les mains sales, les ongles abimés et le fric en masse", et je pensais lire une étude pessimiste sur les motivations de la jeunesse, mais je devrais dire , d'une certaine jeunesse, car il y a des exceptions, dieu merci. Je ne suis pas dans le coup, question formation, et pourtant, dans mon ile, je pensais trouver au moins un ou une jeune à qui je pourrais transmettre mon modeste savoir, mais surtout faire partager mon goût pour ce merveilleux métier, d'autant plus que je fais aussi le lapidaire. Je rêvais de transmettre, et je suis prêt à faire hériter le "successeur" de tout mon matériel. Et je n'ai trouvé personne, pour l'instant. Je ne suis pas dans le coup, ayant commencé mon activité de "bijoutier-lapidaire" seulement à la retraite d'un métier (dentiste), avec quelques stages et surtout la soif d'y arriver. Par contre, j'ai vécu des expériences autour de moi, car la bijouterie était le métier de la famille, depuis plus d'un siècle, puis hop, tout a disparu, emporté par l'absence de successeur du dernier représentant de la famille. Je me suis donc fait une idée de l'avenir du métier, qui est un peu sombre, pour moi, mais pas du tout désespéré. C'est l'esprit créateur qui sauvera le métier, à travers un artisanat d'art qui, s'il ne fait pas gagner des millions à l'artisan, lui permettront de vivre décemment. Ce n'est peut-être pas dans l'air du temps, mais il faut persister dans le bel ouvrage, de qualité, "fait à la main, sans moulage", c'est la seule voie, à l'abri des machines , des robots, et du produit du tiers monde. Ce long monologue, pour le coté défense du métier, mais pour le plus important de ton message, je suis bien incapable de voir une solution, car je suis trop loin de tout dans mon Ile. Comme je suis d'un optimisme inébranlable, j'espère qu'un jour, ces jeunes personnes handicapées trouveront une structure adaptée. Je le pense sincèrement, car j'ai l'exemple de l'évolution de l'école publique vis à vis de tous ceux catalogués dans le temps comme "retardés". Une de mes filles, il y a vingt ans, fut choquée de la situation d'alors, et ,pour faire bref, après des études spécialisées, elle fait partie d'une équipe d'enseignants qui ne s'occupe que d'enfants dans ce cas, dans notre Ile. Pour les écoles professionnelles, cela pourra venir, je le souhaite Abel de SPM
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| | | laurent M
Messages : 76 Date d'inscription : 30/01/2014 Localisation : en terre camarguaise, Aigues Mortes
| Sujet: Re: Expérience inattendue Ven 7 Fév - 19:15 | |
| Bonjour, Désolé pour ma réponse tardive Il est vrai que les écoles forment et donnent les bases de ce métier. Elles devraient, aussi permettre aux jeunes étudiants, de se former aux outils modernes. Mais peu ont la chance de posséder de tels appareils (logiciels de modelage, robotisation des modèles en cire, etc ). Il y a aussi les maitres d'apprentissage, qui transmettent leurs savoirs, leurs techniques, leurs patrimoines artisanaux. L'idéal serait de mettre tout ça dans une boite, avec des professeurs artisans aux grandes connaissances, des outils modernes, des élèves passionnés et motivés et l'on obtiendrait une élite de ce métier. Un peu comme "les compagnons du devoir" . Les livres sont et seront sans aucun doute les meilleurs bases de sauvegarde de ce savoir. Pour ma part, à chaque stagiaire que j'ai pu recevoir durant 5 jours (1 semaine sur les calendriers scolaires), je leurs demandais à chacun, après avoir fait le tour de l'atelier et de son outillage, de dessiner le bijou ou l'objet qu'ils aimeraient faire ou avoir. Le 2eme jour, ils découvraient le métal (laiton en général en stock dans l'atelier) où ils y traçaient leurs projets. Le 3eme jour, le sciage, limage, ajustage, Le 4eme jour, assemblage, soudure, rattrapage, émerisage Le 5eme jour, les finitions au papier émeri et ils repartaient chez eux fiers comme des ducs avec leurs projets réalisés. Ceux-ci, je le faisais aussi avec mes stagiaires mal entendants, qui eux arrivaient à finir 1 jour avant. Leur facilité à comprendre les étapes est phénoménale .... Bonne soirée Laurent |
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| Sujet: Re: Expérience inattendue | |
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