Bonjour à toutes et à tous,
Un long texte avec photos pour expliquer comme faire la finition des chatons mécaniques.
Le chaton mécanique est fabriqué d'une seule pièce, à partir d'un plané estampé et mis en forme. Il comprend généralement quatre griffes, mais il s'en trouve avec trois et six griffes, voir même huit griffes.
Le chaton mécanique ne comporte pas de ceinture, et est surtout utilisé pour sertir des pierres montées en boucles d'oreille, sur des broches et sur des colliers mais ne devrait jamais être utilisé sur des bagues...............jamais.
Les bagues recoivent beaucoup plus de coups que tout autre bijou. L'absence de ceinture ne fait pas de ces chatons mécaniques une structure suffisamment forte pour résister à tous ces chocs.
L'objectif du sertissage avec griffes est de se faire le plus discret possible, laissant le plus de visibilité à la pierre seule, la monture devant s'effacer pratiquemeent complètement au regard.
C'est pourquoi la section plate et circulaire, visible du dessus entre les griffes de ces chatons devra être modifiée et taillée en fuite à l'aide d'une scie 3/0.
En tenant dans ses doigts et à l'envers ce chaton, il sera d'abord fait deux traits en pente de chaque côté des quatres griffes. Cela servira de point de repère pour limer avec la scie un plan en biais. La surface de ce plan devra être environ de la moitié du côté brut du chaton.
La scie sera utilisée en croisant les traits de manière à produire un plan le plus net possible. Tout cela se faisant au jugé sans autre tracé que les deux premières marques faite par la scie.
Le travail n'est que commencé sur le chaton de droite, et sur le chaton de gauche les quatre plans en biais sont complétés.
Une fois ces plans polis, la lumière ne reviendra pas vers le spectateur, seules alors les demies-boule des griffes rabattues sur les diamants seront visibles, le reste devenant ainsi en retrait du regard.
Le travail à la scie est ici terminé pour les deux chatons.
Reste à faire encore plus net avec la lime carrée.
Une petite lime aiguille carrée de marque Vallorbe servira à régulariser le plat en biais. La lime complète donc le travail de la scie, l'inverse ne serait pas d'un beau résultat, car c'est la scie qui permet de faire des coins parfaitement précis.
Les deux bords de chacune des griffes et le plat entre elles seront passés au papier d'émeri, en utilisant un disque découpé très proprement au compas et tournant assez rapidement sur la pièce à main.
Une lime aiguille carrée ou triangle servira de support pour émeriser l'espace entre les deux griffes. Cette opération demande de respecter les coins pour que le caractère du chaton n'en soit pas altéré.
Pour continuer le montage de ces deux diamants de quinze centième de carat chacun, deux anneaux seront ajustés sans aucun jeu et soudés d'aplomb sur le bout de deux tiges de système pour boucles d'oreille. Ici des tiges de systèmes français '' Alpa ''.
L'ensemble tige et anneau tiendra en place sur le chaton, posé à l'envers sur la surface réfractaire, avec uniquement un peu de collobre, et pour que la soudure en fondant ne puisse faire basculer d'un côté ou de l'autre la tige, il suffira de poser deux petits paillons de soudure à la jonction de l'anneau et du chaton, l'un à droite et l'autre à gauche, et de chauffer le tout lentement pour que ces deux paillons fondent absolument en même temps. Un peu délicat mais efficace.
Ces deux chatons sont bien soudés à l'anneau de la tige, et en regardant à l'intérieur du chaton on devra y voir un filet de soudure régulier tout autour...preuve que tout s'est bien passé.
Reste à mettre à dérocher ces deux boucles d'oreille, bientôt prêtes pour le sertissage.
Un bon moyen de connaître à quelle distance du haut de la griffe, on devra faire la première creusure pour le sertissage est de descendre le diamant en l'enfonçant entre les quatres griffes.
Un compas bien aiguisé servira ensuite pour tracer quatre fois des marques d'identiques distances.
En prenant appuis à la fois dans un roule-goupille et sur le bois de la cheville, il sera assez simple de pousser fortement successivement et en opposé sur les griffes avec une '' masse '' pour les rabattre par dessus le diamant.
Sans oublier de faire la mise en croix, le diamant étant parfaitement alors positionné en tenant compte de sa table à huit côtés et de la position des griffes en rapport avec celle-ci.
Avec une lime dos d'âne et une lime triangle il ne restera plus qu'à transformer le haut des griffes en demies-boules, sans oublier de casser un peu les angles à l'extérieur juste en dessous du haut des griffes.
La partie des griffes touchant le diamant sera elle régularisée avec une échoppe plate, bien coupante, dont on servira comme d'un racloir remontant vers le haut des griffes, pour ainsi finir de sculpter deux fois quatre griffes identiques.
Le polissage final mettra alors en valeur la beauté de ces diamants.
Il aura fallu en tout facilement un peu plus de cinq heures pour faire avec minutie ce travail. Le plus facile étant maintenant de téléphoner à la clinete pour lui dire la bonne nouvelle.
Belle et bonne journée à la cheville ici et partout ailleurs dans le monde.
Michel Zimmermann
Artisan Bijoutier-Joaillier
Québec
1 juillet 2010
Bientôt ma quarantième année de travail dans ce métier....commencera.....j'en suis étonné mais surtout ravi et pleinement heureux.