Devenir lapidaire à Madagascar

Ayant eu l'occasion d'apprendre la lapidairerie à Antananarivo, je me permet de vous en écrire plus à ce sujet. Ainsi si quiconque passe par la "cité des mille" et souhaite avoir une première approche avec cet art très minutieux, l'Institut de Gemmologie de Madagascar n'aura plus aucun secret pour vous.

Petite biographie rapide :

Madagascar était connue avant et pendant le XXème siècle pour ses gisements de béryls (en particulier : l'aigue-marine), les quartz (les citrines madère de Madagascar notamment) ou encore le grenat (rhodolite et autres démantoïdes). Néanmoins c'est au début des années 2000 que l'île produit une certaine "explosion médiatique" : découverte de gisements de saphirs à Ilakaka. Sans entrer dans les détails, il est apparu ce que certains ont appelé "la ruée vers l'or bleu" avec l'aspect far west que l'on retrouve dans le sud de Madagascar dont certains reportages en feront un meilleur exposé que moi.

Les pierres précieuses provenant de Madagascar ne sont pas souvent appréciées sur les marchés extérieurs pour sa mauvaise qualité. En effet, la plupart d’entre elles sont taillées à la main. Les Malgaches ne profitent pas pleinement des ressources minières que recèle le pays. En ce qui concerne les pierres précieuses, par exemple, la majorité des Malgaches exercent seulement au niveau de l’exploitation. La production est par la suite achetée par des étrangers pour être transformée. La population reste toujours dans la misère et ne perçoit aucun impact sur leur vie. Un des grands obstacles à soulever est la méconnaissance des pierres et des valeurs. La mise en place de l’Institut de Gemmologie de Madagascar contribue à renverser cette situation.

L’Institut de Gemmologie de Madagascar a été créé en 2003 et il se trouve que c’est l’unique institut en Afrique et dans l’Océan Indien qui offre des formations hautement qualifiées en gemmologie, en lapidairerie et en bijouterie fantaisie. L’objectif de cet Institut est de promouvoir la filière gemme à Madagascar par le biais de la formation. C’est un centre de formation en collaboration avec de grands organismes internationaux tels le GEM-A de Londres et le Gemmological Institute of America (GIA). Il offre à tous ceux à qui ça intéressent, la possibilité d’accéder au métier des pierres mais aussi pour les professionnels, la possibilité d’améliorer la qualité du travail et de leurs produits en respectant les normes internationales.

Je ne vais ici parler que des cours de lapidairerie car étant déjà diplômé en gemmologie je ne me prononcerais pas sur leurs cours qui restent, d'après les retours que j'en ai eu, excellents. Les cours de lapidairerie se découpent en 2 grandes catégorie :

- Taille américaine

- Initiation à la taille américaine américaine durant 4 semaines. Les bases vous seront inculqués et au bout d'une semaine vous aurez terminé votre première taille ronde. Les étudiants travaillent uniquement sur du quartz. Ces 4 semaines vous permettront de produire la taille rond brillant, ovale, carré, triangle ou encore octogonale. Un examen à lieu à la fin de ces cursus qui consiste ni plus ni moins à tailler une pierre selon un diagramme précis en y obtenant le maximum de points. Cela sous-tend un rondiste bien aligné, un polissage parfait sur chaque facettes, une table qui ne grignote pas les points de jonctions, etc. Le test en question se passe durant deux journées où un examinateur du ministère des mines se fera un plaisir de vous regarder travailler.

- Perfectionnement à la taille américaine durant 4 semaines. Cette fois-ci l'apprentissage met le point sur le calibrage, le respect des dimensions entre la la couronne et le rondiste, ainsi que sur le rondiste et le pavillon. Cordiérite, orthose et autres pierres à clivage donneront de quoi hurler aux jeunes apprenants lapidaire.

- Taille thaïlandaise

- Initiation et perfectionnement à la taille thaïlandaise durant 12 semaines. Vous apprendrez les tailles ovale, carré, marquise, poire, rectangle et brillant en utilisant les machines "gempeg" avec comme support des corindons synthétiques.


C'est après 5 mois de cours que vous aurez fini la totalité du cursus lapidaire. D'après moi cette formation est très complète et elle est donnée par un corps enseignant qui a travaillé quelques temps en Thaïlande : la référence en matière de taille. C'est d'ailleurs grâce à ces cours que notre trio a souhaité proposer des gemmes taillées par des lapidaires malgaches qui sont des passionnés de la taille de gemmes.

En complément, je vous propose cette vidéo en anglais de Steve Bennett qui vous en dira plus sur Madagascar, les gemmes, l'IGM ainsi que sur Ilakaka : youtube.com/watch?v=fG6fRXicK-Q

Je m'excuse pour ce bloc qui ne sert finalement qu'à décrire une école mais j'espère que vous le trouverez malgré tout instructif.

Bonjour Bananen,

Intéressant que tout cela.

Si je le pouvais, je ferai bien ce stage de lapidaire....car je m'y mettrai probablement un jour,.

Tu parle des en particulier des aigue-marine de Madagascar, parles-tu de celle de Tongafeno qui ont un bleu aussi beau qu'un saphir ?

Reste-il de ces aigue-marine dans cette région ?

J'ai eu dans le passé l'occasion de recevoir, ici à Québec, quelques fois des vendeurs avec des pierres taillées à Madagascar même , et sans être méchant, toutes ces pierres étaient super mal taillées.

J'espère que cet état de fait changera rapidement pour que la réputation de Madagascar soit d'un niveau qui lui permettra enfin d'augmenter ses revenus tant pour les artisans eux-même que pour l'état.

Belle et bonne journée....et bonne vente   

Michel Zim
  

Et je vous y invite à apprendre la lapidairerie. On peut facilement se dire qu'il n'est pas possible de rivaliser avec certaines brutes lapidaires qui pratiquent depuis qu'ils sont jeunes mais il est tout à fait possible de faire de belles pièces de grande qualité. La pratique, il n'y a que ça de vrai.

Les aigue-marines de Tongafeno étaient vraiment exploitées durant le XIXème siècle mais on en trouve encore. On en récupère aussi pas mal (y compris des morganites, des béryls vert et des héliodores ainsi que des tourmalines )qui proviennent du Mont Ibity à ~170km d'Antananarivo. Aujourd'hui on trouve encore des aigue-marines avec un bleu soutenu mais la plupart que nous trouvons sont généralement trop incluses et trop chers pour un rendu, finalement, moyennement esthétique. C'est d'ailleurs la même chose pour les saphirs avec un carat assez important (+5 carats) qui ont ce même défaut mais le prix n'est en rien réduit. Bref, à ce niveau on vend plus un nom qu'une pierre de qualité bijouterie.

Exemple : nous avons préféré choisir cet aigue-marine qui est une pièce alliant belle taille et beau bleu à mi chemin entre le Santa Maria et la pièce avec un bleu très pâle :





C'est grâce aux initiatives de l'Institut de Gemmologie de Madagascar que l'on retrouve de plus en plus de bons lapidaires sur l'île rouge. Il existe toujours quelques pseudos artisans qui donnent l'impression de tailler à la hache et qui massacrent par la même occasion de très beaux bruts qui avaient du potentiel mais heureusement la lapidairerie malgache évolue correctement.

Bonjour Benanen,

Merci pour la photo de cette aigue-marine.

Bon travail et belle découverte à toi et à ton équipe.

Michel Zim
  

Euh bon écoute Bananen ça va pas le faire ok??? franchement si tu me prends par les sentiments ça va vraiment pas le faire !!

J'adore l'aigue marine!!!! parmi d'autres pierres oui je l'avoue....

Arrrrrrrr ptit vilain!!!

Bonne soirée quand même et très belle mise en valeur de cet établissement!!

Caro

C'est vrai que l'aigue-marine est vraiment une gemme de qualité et c'est un véritable plaisir de vivre dans un pays aussi riche en pierres précieuses et fines. Après il ne faut pas généraliser : les émeraudes sont quand même de moins bonnes qualités que celles de Colombie ou de Zambie.

Merci Caroduck