Enlever ( vidéo de MichelZimmermann53 )

Bonjour à toutes et à tous,

Voici la cinquième vidéo de la série de six, consacrée aux outils en bijouterie-joaillerie.

E N L E V E R du métal, quand, comment et avec quels outils en bijouterie-joaillerie.

Si questions n'hésitez surtout pas......Je ne dors jamais....Ben oui quoi...Dormir ? alors que l'on pourrait être à la cheville 24 Hrs sur 24 Hrs .....



Belle et bonne journée.

Michel Zim

Bonjour et Merci beaucoup Michel pour cette nouvelle vidéo tellement utile pour nous
autodidactes !

J'ai quelques questions d'amateur désolé de leur nombre et leur éventuelle
naïveté...

- À quoi sert un gratte-brosse ? Tu dis-tu "gratte-bosses" ?

- Dans le soucis de faire des économies, je ne veux pas acheter 36 limes mais seulement celles
qui sont vraiment nécessaires de celles qui me manquent, mais en achetant Vallorbe car c'est vraiment exceptionnel.
Il me semble que deux grains me suffisent: un grain moyen et un grain fin. Quel numéros de grain choisir
pour ne pas acheter le superflu ?

- Je ne me sers jamais de cabron, mais je vois que c'est un classique. Quel usage si l'on a déjà une grande
lime plate à grain fin et que l'on émerise avec un mandrin fendu et des disques ensuite ? C'est vraiment nécessaire ?

- Polir revient à retirer de la matière comme tu le dis très justement, même très peu de matière. Je vois que
dans d'autres arts (horlogerie notamment, mais aussi dorure à la feuille), il est question de rendre une surface
extrêmement lisse, non en retirant du métal, ce qui serait impossible en dorure à la feuille, mais en le "brunissant",
c'est-à-dire en l'écrasant sous un outil très dur comme de l'agate ou de l'acier trempé.
Ceci le rend à la fois très lisse et brillant mais aussi le durcit considérablement en surface.
Est-ce que ce geste existe en bijouterie ?

Désolé de te prendre du temps, tu dois avoir du travail à la cheville ;-)

Très bonne journée à la cheville ou à la ville
Lionel

Lionel,

L'émerisage avec une mouche (le mandrin fendu qui fait bzzzz) est souvent pratique, mais il y a le risque de creuser un peu trop si on relache un peu l'attention, ou de faire des vagues, c'est à dire des ondulations peu perceptibles de la surface de métal, mais qui sont dénoncées par les reflets de lumière. Le travail au cabron semble plus lent, mais il permet de mieux contrôler. Le cabron peut être de toute taille. J'en ai fait avec des touillettes à café ou des pique-olives en bambou limés plats. On peut ainsi atteindre de tout petits espaces.
Pour des petits cabrons, je colle le papier émeri à la colle à bois.

Dans certains cas, on peut utiliser un ruban de tissus enduit de pâte à polir, par exemple le ruban "jaconas".
Les horlogers ont des limes à grain extrèmement fin, utilisables comme de l'émeri à grain très fin. J'en ai trouvé en brocante (bourse horlogère de Mer, par exemple).
Enfin, suite à la lecture de vieux grimoires, je me suis inspiré de la technique horlogère des brunissoirs à pivots et de leur repassage à la pierre. Cela consiste à prendre une barre d'acier polie ou presque, et à la frotter dans une direction perpendiculaire à son axe sur une pierre à affuter. Cela provoque de fines rayures. L'outil obtenu est l'équivalent d'une lime à dents ultra fines utilisable en équivalence à un émeri de grain 1000 ou 2000. Très utile pour atteindre de très petits espaces, tout en gardant une surface plane.
Il faut essuyer l'outil fréquement et le repasser à la pierre de temps en temps car ces fausses dents s'encrassent vite et s'émoussent.
Pour émeriser l'intérieur d'un trait de scie mince, j'ai utilisé un ressort de montre que j'ai passé à l'émeri pour obtenir l'équivalent d'une lime plate extrèmement mince. J'ai monté ce ressort sur la monture bocfil pour l'utiliser.

Le brunnissage est bien sur utilisable en bijouterie.
Pour commencer, il peut être utilisé pour rattraper une légère estafilade involontaire suite à un "dérapage" de pointe à tracer, ou d'échoppe, quand le copeau n'a pas été enlevé.
Un massage avec brunissoir peut faire disparaitre la rayure, ou du moins l'amoindrir, ce qui nécessitera un peu moins d'enlèvement de matière à l'émerisage.

Si tu t'attaque à des montres squelettes, certains trucs ci dessus pourront te servir.


Autre méthode pour enlever de la matière, marginale mais parfois bien utile : utiliser un foret en guise de lime queue de rat. Cela me sert parfois quand je n'ai pas de queue de rat assez fine. J'ai ainsi obtenu (volontairement) des trous oblongs en joignant deux trous de 0,4mm presque jointifs. Je taille avec le côté des spirales du foret. Et même avec un foret dont le bout est cassé. Il faut avoir la main très douce, mais ça marche.

Merci Michel pour cette vidéo !

j’ai les yeux comme un jour de noël ou l'on déballe les cadeaux en regardant ta vidéo! et cela me donne encore plus envie d'apprendre! merci pour ce petit bonheur que tu m'as donné avant de vraiment commencer!merci beaucoup

Bonjour LionelClement,

Je te réponds en bleu.

J'ai quelques questions d'amateur désolé de leur nombre et leur éventuelle
naïveté...

- À quoi sert un gratte-brosse ? Tu dis-tu "gratte-bosses" ?

Le nom de cet outil est bel et bien Gratte-bosses.( Fines fibres de verre entouré de ficelle, de fabrication allemande )

https://www.cookson-clal.com/materiel-bijouterie/Gratte-brosse,-diam%C3%A8tre-20-mm,-longueur-180-mm-prcode-999-182&query=gratte%20bosses&channel=fr

En faisant une recherche sur le gratte-bosses avant de faire ma vidéo, j'ai découvert que cet outil était aussi utilisé pour la finition de vaisselle en porcelaine, à la fois il me semble pour régulariser des surfaces sculptées et aussi pour rendre brillant des incrustations d'or cuites au préalable au four, enfin de ce que j'ai compris.

Je connais cet outil de mon père horloger, un classique dans ce métier. En bijouterie, il permet, en plus d'agir comme un très fin papier d'émeri, de rendre mate la totalité d'une surface sculptée, ainsi les traces d'échoppes, d'émeri et de limes laissent place à une surface mate et uniforme. Ce qui une fois l'élément en question poli au mieux on se retrouve avec un seul contraste, celui de la brillance du métal poli avec dans les parties creuses non polies, une seule et même lumière mate. Un contraste magnifique et de grande propreté.


- Dans le soucis de faire des économies, je ne veux pas acheter 36 limes mais seulement celles
qui sont vraiment nécessaires de celles qui me manquent, mais en achetant Vallorbe car c'est vraiment exceptionnel.
Il me semble que deux grains me suffisent: un grain moyen et un grain fin. Quel numéros de grain choisir
pour ne pas acheter le superflu ?

Je te recommande pour les limes Vallorbe, deux grains, le numéro 6 le plus fin ( qui souvent permet de passer directement au polissage avec disque de feutre taillé en biseau ) et le grain numéro 0, beaucoup plus agressif et qui fait avancer assez rapidement le travail. Le grain numéro 2 est aussi intéressant......mais à choisir sans hésiter le 6 et le 0.

Les formes les plus utiles sont à mon avis, la triangle, la carré, la feuille de sauge, la ronde et la dos d'âne ( appelé aussi barette ).

Les limes coulisses étant plus rares et nettement plus cher, d'autant plus qu'un lime coulisse ne sert que pour un seul diamètre de fil ou de tube bien spécifique.

- Je ne me sers jamais de cabron, mais je vois que c'est un classique. Quel usage si l'on a déjà une grande
lime plate à grain fin et que l'on émerise avec un mandrin fendu et des disques ensuite ? C'est vraiment nécessaire ?

Oui, les cabrons sont nécessaires et de toute façon très peu coûteux, une baguette de bois maison, souvent rectangulaire de section, mais pouvant aussi être triangulaire et une feuille d'émeri collé en partie ou enroulés comme dans ma vidéos.

Les cabrons servent dans de très nombreux cas, pour affiner le mieux possible la surface des métaux tout juste avant le polissage. La plus grande erreur faite  et malheureusement enseigné dans beaucoup d'école est de penser qu'il faille, entre lime et polissage, passer sur une surface métallique toute la série des papiers d'émeri disponible.( 400-600-800-1000-1200 etc.. ) Dans l'immense majorité des cas, étant passés par une lime douce, un seul grain de papier émeri est suffisant avant de passer au polissage.

L'un des avantages du cabron est que par sa longueur bien en main, on peut avec une grande force émeriser rapidement et précisément de nombreuses petites et grandes surfaces. ( Encore un super sujet de vidéos )

Seul le cas du platine demandera deux ou trois grains avec presque l'obligation de passer les plus fins des papiers émeris avant de polir ce métal précieux le plus rébarbatif à se laisser polir. Toute se passe, lorsque l'on poli du platine comme si on polissait à la fois la surface et le fond des rayures encore visibles. En fait les atomes de platine détestent fortement être arrachées les uns des autres.....mais bon avec un peu d'expérience on y arrive quand même très bien.

- Polir revient à retirer de la matière comme tu le dis très justement, même très peu de matière. Je vois que
dans d'autres arts (horlogerie notamment, mais aussi dorure à la feuille), il est question de rendre une surface
extrêmement lisse, non en retirant du métal, ce qui serait impossible en dorure à la feuille, mais en le "brunissant",
c'est-à-dire en l'écrasant sous un outil très dur comme de l'agate ou de l'acier trempé.
Ceci le rend à la fois très lisse et brillant mais aussi le durcit considérablement en surface.
Est-ce que ce geste existe en bijouterie ?

Le brunissage est surtout utile pour rendre brillante des surfaces de métal extrêmement fines comme la dorure en feuilles ou encore les chanfreins de très petites pièces horlogères.

Ce qui n,est pas le cas pour la bijouterie-joaillerie utilisant des planés et des fils robustes en elles-mêmes et aptes è subir un polissage par abrasion lui-même précédé par le passage des limes et de l'émeri.

À noter que le polissage devrait toujours être suivi par un avivage, action permettant de mettre tous les reflets de lumière en multiples directions dus au polissage, cette fois dans une même et seule direction. Polissage égale fouillis de lumière.  Avivage égale fluidité parfaite de la lumière en respect totale des courbes et des plats.


Désolé de te prendre du temps, tu dois avoir du travail à la cheville ;-)

Du boulot oui, bien sûr, mais toutes nos réponses servent aussi à de nombreux lecteurs et lectrices, elles donc toujours un placement profitable à long terme.

Très bonne journée à la cheville ou à la ville.

Belle et bonne journée à toi aussi, cheville ou autre occupation.  



Michel Zim

Lionel