Du temps et du recul.

Bonjour

Bon c'est peut-être un peu philosophation de comptoir, avec des mots larges et grandiloquents, mais voilà j'ai pensé à ça du coup j'l'ai écrit :



Dans un métier artistique, je pense qu’il est important de « prendre du recul ».

Pour mieux illustrer cette idée, je vais tenter de décrire un exemple :
Je travaille le métal. Plus précisément, je fabrique des bijoux.

Une pièce peut me demander plus d’une dizaine d’heures de travail. Parfois moins, bien sûr, mais je peux aisément passer beaucoup de temps sur une pièce d’apparence très simple.
Je n’ai jamais de regret de ce côté là : le temps que j’y passe ne me semble absolument pas excessif. Et tant pis si ce n’est pas aussi rentable que ça devrait l’être : ce qui m’importe, c’est d’être avant tout pleinement satisfait de mon travail.

Les seuls regrets que j’ai, au contraire, surviennent lorsque je n’ai pas passé assez de temps sur une pièce, ou lorsque j’ai tenté d’en gagner.
À ce moment là, au lieu de faire du temps un allié, j’en fais un ennemi en tentant de le doubler.

Au delà du temps passé sur une pièce, il faut aussi prendre en compte le temps non-passé sur cette pièce : ce que j’appelle « prendre du recul ».

En effet, après avoir passé plusieurs heures à ajouter, enlever de la matière et définir la forme finale d’un bijou, mon entrain à continuer de faire la même chose s’amoindrit : j’ai envie de passer à l’étape suivante, rapidement, et de voir le résultat final sans plus tarder.

Mais bien souvent, si je procède de la sorte, une fois que la pièce est terminée, je constate de nombreux défauts, que j’aurais pu éviter, si et seulement si j’y avais passé plus de temps.

Ce n’est pas en travaillant que je constate les défauts. Même si je peux mettre le doigt sur plusieurs erreurs, ce n’est bien souvent que le lendemain, à tête reposée, que je me rends compte de ce qui pose problème.
Et le lendemain également, ma motivation est revenue à son point de départ : même si j’ai toujours hâte de voir la pièce terminée, je n’ai plus le sentiment d’y passer trop de temps, je sais qu’en accordant un peu plus de temps à mon travail, il n’en sera que plus réussi.

Plus convaincant encore, il m’arrive de devoir retourner à une étape précédente lorsque je pense l’avoir terminée et que je suis passé à la suivante :
Dans ces cas-là, au lieu de gagner du temps en tentant de travailler plus vite, j’en perds à devoir revenir sur ce que j’ai « bâclé ».

Tout ça est néanmoins à mettre en parallèle avec un proverbe que j’affectionne :
« Le mieux est l’ennemi du bien. »
Lors de la réalisation d’une pièce, il est préférable de ne pas dévier du chemin emprunté.
Travailler en respectant le temps que prend chaque étape, sans pour autant tenter d’améliorer l’idée de départ, est pour moi l’un des facteurs d’une pièce réussie.

Bien entendu, l’improvisation et le « mieux » ont aussi du bon, et ce serait dommage de passer à côté de bonnes idées naissantes de la spontanéité.

Mais, même en respectant chaque étape, on fait toujours des erreurs irréversibles, et c’est à ce moment-là je pense qu’intervient cette spontanéité :
Par agacement ou par dépit, on ne souhaite pas revenir en arrière ou recommencer, on préfère chercher une autre solution, un autre chemin, qui peut faire varier totalement du projet de départ.

Cette spontanéité également intervient lors du processus de recherche d’idée.
Il peut se passer plusieurs jours, voire plusieurs semaines, sans qu’une idée survienne. Mais lorsqu’elle survient, il faut lui accorder le temps nécessaire, car elle peut vite disparaître.
Les idées ont tendance, pour ma part, à fleurir dans des endroits ou moments incongrus. Pour ce genre de situation, il est bon d’avoir de quoi noter cette idée rapidement, avant qu’elle ne s’enfuie, même si elle ne paraît pas forcément intéressante.
Le temps de réflexion par la suite permettra réellement de déterminer si elle l’est ou non.

Prendre du recul, respecter le temps et ne pas le laisser s’enfuir.
Il s’agit d’un équilibre instable entre temps, satisfaction, hasard et impulsion.
La rentabilité, pour ma part, ne vient se placer qu’après tout ceci.
Car à quoi bon produire, si ce n’est pas pour donner au monde le meilleur de soi-même ?

Cet état d’esprit pourrait s’appliquer à une infinité de situations, sans se cantonner à l’artistique.



Bonne journée
Si z'avez de retours hésitez pas.

Bonjour PLefévre

C'est intéressant ton auto-analyse.
Je trouve que tu te poses les bonnes questions de qqn qui justement sait prendre du recul.
C'est bien logique qui ça passe par la phase la plus sensible, cela que tu tiens à coeur.
La gymnastique de travail c'est une question complexe lorsqu'elle est régie par nous même, faudra avoir une capacité de dédoublement multi-tâches pour pouvoir gérer à tête froide le problème qui nous la chauffe..
Ça s'acquiert.
Tu est sur la bonne voie, le questionnement n'est pas une étape négative, c'est le côté utile qu'est enrichissant, on doit arriver à poser une limite dans la question. C'est nécessaire pour avancer.
Autrement c'est de la masturbation intellectuelle.

Je te dirais de segmenter le travail, pose toi des objectifs plus courts, même quand tu est motivé, garder l'entrain.
Essaye de les accomplir avec de l'engagement.
Pense au travail au delà de la création, sans que ça soit une charge, mais un but.
Tu est en train d'essayer de trouver un rythme, cherche ta formule sans que ça soit pesant.
Logiquement, on doit faire quelques compris aussi pour garder la moyenne..

Le plus dur quand on fait de la navigation c'est de garder le cap, être performant.
On a le droit de se demander si la route choisie est la bonne, on est humain.
Alors ça devient intéressant que quand on s'en aperçoit qu'on traîne et qu'il faut retracer le cap.
C'est là qu'on prends le pied !



@+

bonjour PLefevre 
pour ma part je me permet de te dire Bravo pour ton monologue 
tu parle de plusieurs sujet qui méritent à eux seuls toute un discernement  
le temps est une réalité métaphysique 
,pour ma part le seul moyen de maîtriser le temps c'est de le vivre au moment présent 
(si je pouvai vivre sans dormir)
vivre sa vie au présent cela demande un entraînement de chaque instant car le présent n'as rien a avoir avec le temps ,
le présent est toujour là
 il est figé il est "Présent"
vivre le présent cela veut dire :être la maintenant, ici ,être ici maintenant concentre sur mon travail sans pensée au temps, ni a demain, ni a hier, sans cette petite voix qui nous parle dans la tête ,être conscient qu'il y à des pensées dans notre esprit, qui , nous empêchent de vivre notre présent 
quand tu regarde les gens dans le bus par exemple ,ils ont l'air calme; quand ils ne parlent pas.
 mais en réalité ils sont a coup sûr en plein activité cerebral ils ont des milliers de pensée et quand ils ne pésent pas ils parlent ,
du coup, on est jamais dans notre présent et c'est comme ça que l'on laisse passé des choses et qu'après tout est déréglé,
 que tout  est hors du temps car tout se passe dans la tête et rien dans le présent c'est alors que la phrase magique arrive (tu n'en fait pas mention )LÂCHER PRISE apprendre a lâcher prise ce n'est pas la même chose que Prendre du recul, ça ressemble 
lâcher prise de tout se qui nous entour pour rentre dans notre ART, être,respiré sans trop pensé et vivre notre présent ,notre création, trouve la sérénité 

pour moi et c'est bien pour moi ,la seul chose qui compte c'est de vivre le présent c'est le plus dure mais avec de la pratique et un chouia de conscience j'y arrive ,le résultat est un bien être de chaque instants 


bon  j'ai assez écris suis fatigué   

merci de m'avoir donner la possibilité d'un peu m'exprimer PLefevre 
bonne fin de soirée 


Pablo-manuel

Bonjour PLefebvre,

Super toutes tes réflexions ainsi que celles de Doblezeta  et de Pablo-manuel.

L'important est de ne jamais quitter de son esprit l'objectif que l'on se donne en voulant mettre au monde un très beau et très solide bijou.

Pour cela il faut du recul oui, mais aussi de la distance, une distance qui permet d'examiner son propre travail en cours, comme si pendant les gestes posés et entre les gestes posés, nous étions à la fois l'artisan qui pose les gestes et un autre individu capable en temps réel de critiquer ce travail en cours.

La vitesse de travail variera donc à la fois avec l'expérience mais aussi avec le fait de NE PAS VOULOIR FAIRE DE COMPROMIS, justement sous éventuel prétexte de satisfaire le budget d'un client ou de fabriquer du pas cher, ou de vouloir terminer au plus vite....ce qui au fait reviendrait à ne pas se respecter soi-même.

Effectivement Pablo-manuel a raison, le temps n'existe pas........car nous sommes toujours dans le présent et devant nous se construit un bijou, comme si nous avions payé une place de cinéma pour être spectateur d'une histoire dont la fin serait le bijou terminé fabriqué par nous-même.

Toutes tes questions et toutes ces réponses vont dans le bon sens, celui de chercher à être heureux de vouloir ajouter au monde de la beauté, sinon à quoi bon de vivre.

Voilà sur ce thème je pourrais et on pourrait en parler jusqu’à la fin de temps, ce qui ne veux surtout pas dire de ne plus en discuter....surtout pas.

Merci d'avoir mis ce sujet sur le forum , cela est extrêmement intéressant et tout à fait dans l'esprit de notre forum, heureux que je suis de partager tout cela avec vous.

Bon travail....fonce lentement

Belle journée à toi.

Michel Zim