Problème lingots shibuichi

Bonjour,

Je débute dans la bijouterie et (n'ayant pas de formation) j'ai pas mal de lacunes techniques. J'essaie d'expérimenter le plus de choses possibles chez moi, mais je suis souvent confronté à des limites.
J'aimerais, dans un futur proche (1 an- 1 an et demi), commercialiser ma production. Je travaille actuellement le cuivre et le laiton, mais j'aimerais également pouvoir proposer des pièces en shibuichi (j'ai lu sur ce forum que c'est plus facilement "valorisable" auprès des clients, par rapport aux autres métaux cités et je trouve le rendu de cet alliage très beau).
J'arrête la ma longue entrée en matière pour vous exposer ma situation...

J'ai tenté ce matin de fondre 50 g de shibuichi à 20% Ag et 80% Cu.
J'ai un petit chalumeau oxy-propane (oui, un avec des recharges hors de prix...), que j'avais réglé sur un flamme très bleue (je ne connais pas le terme technique). J'ai fondu mon cuivre, ajouté l'argent pur (on m'a gracieusement offert un petit lingot pour m'entraîner), ajouté un petit peu de borax en poudre (j'ai cru voir je ne sais plus où que cela aidait le métal à couler correctement, mais peut-être que je me trompe ??), et finalement couler mon lingot (dans une lingotière plate). Le lingot était moche, car je manque de pratique, mais je peux le travailler, et il a une belle couleur doré très clair (je m'attendais à un rose clair...).

Quand j'ai voulu faire un 2ème essai avec des proportions différentes : 30% Ag 70% Cu, les problèmes sont arrivés. J'ai procédé de la même façon, mais le lingot, en plus d'être moche, était très cassant (je l'ai cassé à la main...) et on pouvait voir des structures cristallines à l'œil nu dans la tranche. J'ai recommencé 3 fois pour le même résultat, jusqu'à ce que j'ai vidé ma bouteille d'oxygène...

Quelqu'un saurait il m'expliquer ce qu'il se passe ? ce que je fais mal ? et comment je devrais procéder ??

Je fais sûrement encore beaucoup d'erreurs, n'hésitez pas à m'alerter sur tous les points qui coincent !

Ah oui, dernière précision sur le sujet, mes différents lingots étaient tous très noirs sur le dessus (côté air libre de la lingotière). Je suppose que c'est de l'oxydation, mais c'était vraiment une couche importante et tenace ! Je n'ai jamais eu une telle couche avec du cuivre pur ou de l'argent pur...
Une idée ??

Désolé pour la longueur de la publication, et merci d'avance pour vos savants éclaircissements !

Bonne soirée, journée, ou nuit à toutes et à tous

Maël

Bonjour Maël
J'ai déjà fait des lingots en shibuishi et je n'ai pas eu plus de problème qu'avec l'argent.
A mon avis tu coules pas assez chaud ou trop chaud.
Ça fait longtemps que je ne fonds plus à l'oxygène mais mes observations pour couler avec un chalumeau gaz sont les suivantes:
Tu fais tourner le metal dans le creuset quand il est liquide et il ne doit évidemment pas apparaitre d'aherence ni de grain non fondu
Quand j'arrive à la bonne température le dessus du metal est libre des filaments d'oxydes ou de borax qui sillonnent la surface avant
Et surtout si je retire la flamme une demi seconde la surface ne se fige pas mais reste liquide.
A ce moment la on peut couler, il ne faut pas surchauffer le metal

Avec l'oxygène tu peux avoir plus facilement des températures trop élevées et couler trop chaud mais là je n'ai pas d'indication.

Bonjour Maël I,

Du même avis que TimTamTom, j'ajoute qu'il est fréquent, chez les débutants ( rien de négatif pour moi dans cette expression. ) de faire des flammes beaucoup trop puissantes et pas assez enveloppante de la masse métallique présente dans le creuset.

Tiens nous au courant de tes prochaines tentatives lingotifères ( hum...ce mot n'existe peu être pas...)

Courage.

Très belle fin de journée.

Michel Zim

Bonjour TimTamTom et Michel, et merci pour vos réponses.
Donc si je comprends bien, il faudrait que je chauffe moins fort, c'est à dire avec moins d'oxygène ?
TimTamTom, avec quoi fonds tu maintenant ?
Michel, quand tu dis une flamme enveloppante, il faut, encore une fois, que je réduise l'oxygène afin que la flamme soit plus molle ? Ou que je possède un chalumeau avec une plus grosse buse ?

Merci encore, et bonne journée à tous

Maël

Bonjour,
là où je travaille en ce moment, c'est compliqué et cher d'utiliser l'oxygène, et comme je ne fais jamais de platine ni de réparation compliquée, j'utilise un chalumeau à gaz type Onlygaz. Je peux fondre et recuire avec mais pas travailler finement contrairement à l'oxygène.

Bonjour Maël I,

En fait, mise à part la question de la flamme, peu importe le type de chalumeau, il faut que celui-ci puisse rendre liquide la masse métallique que tu verseras ensuite dans ta lingotière.

Donc une fois que le métal est devenu liquide, il ne sert à rien d'ajouter encore de la chaleur, car cela produit très souvent des lingots pouvant contenir des bulles une fois refroidi.

Lorsque je fais des lingots une fois que l'alliage est devenu liquide ( comme une belle flaque de mercure ) , je baisse un peu la puissance de ma flamme, de sorte avec une flamme enveloppante, maintenir le métal en fusion le temps de le verser gentiment dans la lingotière.

Peut être que cette vidéo pourras t'aider:



Très belle fin de journée.

Michel Zim

Bonjour,
C’est la différence avec la fusion au gaz sans oxygène, pour ma part quand le métal est liquide il faut que je continue à chauffer un certain temps car sinon il fige trop vite dans la lingotière.
Sûrement car la flamme avec l’oxygène est bien plus calori….quelque chose, plus chaude quoi.

Bonsoir,

Pour le shibuichi la technique traditionnelle (recréée en laboratoire par la fondation Sasakawa de Grande Bretagne) pour créer des lingots est la suivante:

Yodokobuki ("coulée au tissu")


L'alliage est coulé dans un creuset recouvert à moitié par un tissu (voir détails plus loin) dans un récipient d'eau chaude.
Ce creuset est est recouvert d'une pâte faite d'huile végétale et de riz, qui agissent comme agent réducteurs durant le processus. Le métal est coulé à travers une pièce de coton dense (généralement du tissu pour voiles de bateaux traditionnels) suspendu dans une cuve d'eau chaude.
Les lingots sont évidemment compressés (laminés) ou martelés (des bordures jusqu'au centre pour éviter les cassures sur les côtés).


Une température de 45°C à 80°C, avec le coton immergé à 9 cm, produit les meilleurs résultats.
Cette méthode est reconnue au Japon pour donner de meilleurs lingots que ceux fabriqués dans des lingotières modernes en fer. La coulée sous l'eau chaude réduit la formation d'oxydes en surface et ralenti le métal en fusion, qui améliore ses caractéristiques structurelles lors du laminage en réduisant la porosité structurelle du métal coulé. Tout cela est très théorique mais fait l'objet d'une étude de 80 pages avec un protocole scientifique très sérieux (Japanese Irogane Alloys and Patination, A study of production and Application, O Dubhghaill)

Le Daikon (radis japonais) est appliqué à la surface du métal après polissage pour aider à la patination (car il libère une enzyme, je pourrais donner les détails mais tout le monde s'en fout)

La bijouterie Japonaise ressemble à une recette de cuisine !


Voici une vidéo du processus très peu instructive mais plutôt rare:

https://www.youtube.com/watch?v=HP9SyNC3uiM

bonjour Théo
je fonds l'argent d'abord et rajoute ensuite le cuivre. Le cuivre fond plus facilement car il s'oxyde moins.
Il faut un chalumeau adapté aux quantités de métal à fondre. J'ai un chalumeau propane + air chaud. C'est économique et suffisant pour fondre jusqu'à 50 g de métal.
Bon courage !