Ciselure, mon expérience (et une recette de poix)

Bonjour !

Oui, j'ai mis ciselure dans la partie orfèvrerie. C'est une prise de position affirmée. Je vais peut-être me faire modérer, mais retenez bien : l'orfèvrerie, c'est un univers proche de la bijouterie, avec ses propres métiers, ses propres techniques (notamment e serti), ses propres clients. (Il est dangereux pour un bijoutier d'accepter une réparation de pièces d'orfèvrerie : risque de contamination à l'étain, chalumeaux trop petits, soudures et assemblages trop différents)

Cet univers comporte les planeurs, (a ma connaissance il y en a 3 en France aujourd'hui), les repousseurs, les ciseleurs, les emboutisseurs, les monteurs, les polisseurs. Plus tout ce qui concerne la fonte, avec notamment un autre type de ciseleurs, et qui n'est pas aussi répréhensible qu'en bijouterie (dans le cas du mobilier, qui nécessite une grande résistance mécanique, comme un pied de table ou un lustre).
Par ce biais, l'orfèvrerie est aussi connexe avec l'univers des bronziers.

On utilise 5 métaux, plutôt suivant leurs propriétés mecaniques que leur préciosité : fer, laiton, cuivre, argent, et des commandes exceptionnelles en or.

Ciselure sur plaque :

Ma recette de la poix est simpliste :
Colophane
Platre
Huile végétale (tournesol)
Un peu de goudron pour noircir la poix

Attention ! Pour ceux qui utilisent de la poix rouge, mettez du goudron pour assombrir! Le rouge brûle la rétine à la longue.

Encore un avertissement si vous faites votre plané : un recuit à chaque passe est indispensable ! (Contrairement à l'usage préconisé par Michel en bijouterie)
En effet, laminer une plaque (toujours dans le même sens!) sans le recuire lui donne une tension pérenne, bien utile en bijouterie mais susceptible de fragiliser le plané en ciselure.

Le plané idéal fait 7/10 à 10/10 d'épaisseur.
Moins, il fait être très expérimenté pour ne pas faire un trou. C'est le cas de l'orfèvrerie liturgique au 18/19 eme siècle. Ils travaillaient sur des plaques inégales faites au marteau, de 3/10 par endroit!!!
Plus, il fait bourriner. Mon maître, qui est un bourrin, travail au quotidien sur du 8/10. Max 12/10, mais c'est trop.

Sur une plaque de fer, 4 ou 5/10 suffisent.

Et comme je n'aime pas les posts sans image, voici quelques créations.
Le dernier né de l'atelier, encore en cours d'ailleurs (format 50x70cm)


Différentes étapes de repoussé et de ciselé : (format A4)



Mon tout premier exercice : (environ 15x15cm)

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Moi, ça me parle beaucoup.
J'aimerais ça, je pense.

Viens à l'atelier !

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Ce serait avec plaisir, mais c'est sans doute trop loin pour moi.

Rascar Capac a écrit:

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Moi, ça me parle beaucoup.
J'aimerais ça, je pense.

Tout pareil, bravo pour ta ténacité corsaire, et un autre pour ton maître qui visiblement te transmet bien son savoir.

N'hésite pas à nous en dire plus, si tu veux bien nous parler de tes outils, marteaux, ciselets etc...

Citation :

N'hésite pas à nous en dire plus, si tu veux bien nous parler de tes outils, marteaux, ciselets etc...

Excellente idée !

Tu as raison.
Comme mon maître parle exclusivement en espagnol, je ne connais pas le nom français des familles de ciselets.

Il y a les tracoirs, les baguettes, les mats, les rubans, les perles et les bouterolles (ça c'est connu), les plats, les tranchoirs, et quelques décors.

On fabrique tous les outils nous-mêmes :
As-tu besoin d'un ciselet d'une forme que tu n'as pas ? Un tournevis cassé, un morceau de ressort, un vieil outil, tout fait nombre!
On taille, on cémente, on trempe. Et un revenu!
Pour faire revenir, chauffez par le milieu au rouge. Observez la ligne de couleur qui avance le long du ciselet. Quand le jaune paille touche le bout, plongez dans l'eau.

Pour le marteau, un technique : prenez un gros boulon, et une barre de bon acier. Couper deux petits morceaux de la barre, chacun étant taillé en v à un bout et forgé à l'autre a votre convenance.  Soudez à cet oeil au laiton. Même pas indispensable d'enlever le pas de vis! Mais je préfère, et après j'ovalise un peu l'oeil.
Trempez, revenez,

Et un marteau sur mesure!

Le plus important, c'est le dessin. Il convient de dessiner à la main, un premier jet, un propre, un calque, repasser le calque sur la plaque avec un carbone, repasser sur ce trait avec une pointe a tracer.
Au moins 5 dessins à la main avant de commencer. Indispensable car le dessin rentre dans la main.
On pourrait inprimer la plaque avec une des nombreuses techniques déjà proposées sur le forum, mais le travail est raté d'avance.

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Si d'aventure, un jour, tu avais le temps et/ou l'envie de faire des tutos pas à pas documentés sur la fabrication des outils, je serais preneur avec grande avidité !

Etant moi aussi un gros bourrin ! j'ai rien pigé à ton explication pour concevoir un marteau .. à ta pogne , t'aurais mit une photo cela aurait été plus parlant !

Mais je suis de tout cœur avec toi et envie ton enthousiasme ! ça c'est sur ! et j'admire vos travaux ! alors comme le dis Rascar , des tutaux et des photos !! ...

Soit l'âge me joue des tours soit je dois être vraiment plus bourrin que ce que je ne le pensais !!! mais je ne comprends vraiment rien à ton croquis !

Tu sais que j'adore fabriquer moi-même des outils et mêmes ce que j'appelle mes stylets ! des marteaux, oui j'en ai déjà bidouillés mais en prenant comme base , soit des masses soit des marteaux pour les reconfigurer à ma sauce ! mais là !!! je suis perplexe !!

Alors sans ironies ni critiques si tu as une photo de ton machin je suis preneur !


D'un autre coté je te remercie pour ta recette de la poix, une amie m'avais donné une de ses fabrications en la matière, mais j'ai toujours du mal à l'utiliser, ensuite ici, en Polynésie j'ai aussi du mal à trouver de la colophane !! j'ai essayé le goudron de recouvrement de toiture, c'est hyper désagréable, un mastic aussi, alors lui j'ai vraiment eu du mal à m'en débarrassé !!

J'en reste à des feuilles de plomb et des supports en bois tendre ! ...

enb tout les cas merci ! ( de réanimer le forum !) ....

Tout ça pour ça...

Bon je recommence sans fard

Tu demande à ton garagiste un gros écrou
tu soudes un bout de féraille a chaque bout
tu emmanches

et voilà ton marteau !

Pour la colophane, je demande à mon luthier. Mais il faut beaucoup de luthiers pour en avoir 1kg

Ma poix sons ta latitude serait inutilisable j'imagine. trop liquide. je ne maîtrise pas du tout les proportions, j'imagine q'en mettant beaucoup de colophane... mais justement...

J'ai jamais réussi à faire fondre la colophane ou la résine en vrac, même a feu très très doux en casserole. Quelle est la bonne technique?

Je ne me souviens pas de difficulté pour faire fondre la colophane (dans une vieille casserole sur un réchaud électrique, sur le balcon). C'est un peu long pour commencer.
Je crois que j'avais mis une petite portion de la cire d'abeille (pas la totalité au début).
Avec un peu de matière grasse dans le fond de la casserolle, la fonte de la colophane doit commencer plus facilement.

Corsaire, merci de ta recette avec du platre comme charge minérale.
J'avais fait ma poix avec du sable de fonderie, comme j'avais lu sur un livre.
J'ai ensuite pensé que ce sable de silice est très abrasif et que cela peut user les ciselets les plus délicats. Le platre évite ce côté abrasif.

C est magnifique.
Quelle est la difference avec le chasse repousse ? Il semble qu'il y a des techniques en commun ?