Discours du 500e ................ou mon premier laminoir.

Bonjour à toutes et à tous,

Le voilà ce discours du 500e.

Arrivé tout jeune à Québec, mes parents s'installèrent en 1955 dans le quartier Limoilou de la ville de Québec, un peu la banlieu à cette époque.

Nous habitions la dernière rue de la paroisse St-Paul Apôtre, la 25e rue et derrière elle, un grand champ bordé par une ligne de chemin de fer qui contournait ensuite une partie de la ville, pour se diriger vers la rivière St-Charles au bas de la haute-ville.

Ce chemin de fer passait le long de la 8e avenue, derrière une première école primaire, l'église de paroisse, une école secondaire pour jeunes filles, une école secondaire pour jeunes garçons et enfin un externat pour étudiants de familles plus aisées.

Les grosses locomotives diésel crachaient de salles nuages noires, ce qui affollait ma mère qui craignait pour la propreté de son linge, et moi très jeune je me réjouissais plutôt du passage de ces trains et aucune barrière ne m'empêchait d'aller me promener sur cette unique voie de chemin de fer, obligeant les trains à souvent faire des manoeuvres pour attacher et détacher divers wagons.

À cette même époque de nouveaux petits immeubles se contruisaient pour former la future 26e rue, la dernière cette fois, je perdais petit à peit mon terrain de jeu......et là aussi dans ces constructions je trainais......et j'y trouvais de bouts de bois, du fils électrique, des rondelles de métal (déjà ) provenant des boîtes électriques, des vis et clous de toutes dimensions.

Tout naturellement un jour je déposais un gros clou sur l'un de ces rails....

L'impressionnante locomotive du CN ( Canadian National ) avançait lentement, et je vis ce clou se faire écrabouiller et laminer plus d'une fois........Je tenais là un trésor, un clou ayant pris la forme d'une lame........ il ne me restait plus qu'à emprunter une lime à mon père horloger la rendre coupante.

Mon premier laminoir était donc une grosse locomotive CN....et très certainement que j'ai inconsciemment compris ce jour là que le métal pouvait changer de forme en se faisant écraser....facilement.

Si je vous raconte cette anecdote, c'est que nous avons tous dans notre enfance un premier contact avec une matière en particulier, et que sans qu'on ne le comprenne de suite, s'installe en nous les prémices amoureux de nos futurs métiers.

Plus tard, je devais avoir 10 ou 11 ans, je gardais comme un trésor une petite pierre de strass, collée au centre du fond d'une boîte en bois.......de celles que mes parents recevaient de chez Giard ou de chez Ponce, tous deux fabriquants parisiens, dès 1963, année de l'ouverture du premier local de la bijouterie familiale.........encore une fois s'imprimait en moi mon futur métier.

Aujourd'hui, la vie est plus facile, je ne manque de rien, mais je regarde toujours les trains avec nostalgie.

Le long de ce chemin de fer et dans ce grand champ de mon enfance, j'ai connu et aimé les trois règnes: les cailloux avec reflets de pyrite (l'or des fous ) les sauterelles volantes, les papillons, les fleurs et autres végétations de toutes sortes dont je connaissais mieux, d'années en années, les cycles....

Dehors était donc mon premier atelier et s'y trouvait aussi toutes mes sources d'inspirations et de précison qu'offre généreusement la nature et qui maintenant..... m'obsède...je n'y peux rien....désolé.

De voir, que maintenant j'ai l'honneur de favoriser par ce forum tant de passions pour ce métier et d'y promouvoir entre autre le laminage de par le monde me ravie.

Merci à toutes et à tous de votre grande générosité, merci aussi de me supporter........

Et si vous aviez une anecdote qui, dans votre enfance, vous a mise sur le chemin de la bijouterie-joaillerie.........toutes et tous serons très heureux de la lire ici.

Belle et bonne journée.....................................Prochain discours pour le 600e membres dans deux ou trois semaines.....( ben.....pourquoi pas..... )



4730 signifie de la locomotive a été mise en service en 1947 et est la trentième dans l'ordre.


Grosses bises à toutes et à tous.

Michel Zim

Merci ,Michel ,de ne pas avoir fait de ce discourt un truc larmoyant et sirupeux ,mais un souvenir émouvant ,plein d'anecdotes qui m'a fait, pendant sa lecture me retourner sur mon passé ......


L'artisanat du métal précieux s'étant manifesté chez moi assez tard ,j'avais déjà 26 ans quant j'ai commencé ... je ne peux donc raconter de souvenirs faisant référence a ce métier qu'est la bijouterie ....Mais aussi loin que me porte mes souvenirs d'enfance ,j'ai eu la chance d'être élevé souvent à la campagne ,sont présent les espaces ,des champs de blé ,des vignes et des forêts ,ensuite viennent des quartiers ,et des petites villes pittoresques .

Pour compagnon des vielles machines agraires rouillées ou il était bon de monter ,mes poches ont toujours été ,au grand dam de ma mère ,remplies de clous ,boulons et autres ferrailles tordues ,trouvées dans de vielles remises ....Les casse de voitures on fait aussi parties de mon paysage d'adolescent ,et là c'était fabuleux ,autant de vielles voitures en ruines aux coussins crevés dégorgeant leurs rembourrage de crin de cheval ,de vieux cuirs usés et cuis par le soleil ...Un paradis quoi ! Un fantaisy-land avant l'heure .....et jamais une blessure ,ni un accident ...Ah qu'elle époque et qu'elle jeunesse ,libre de soucis et livré a nous mêmes ,pas de gang ,pas de racket........... pas de sang ........

J'ai toujours eu dans les mains ,marteau ,tournevis et clous ,mes premiers jouets fabriqués de morceaux de bois venant de la scierie d'a coté ,je lui incrustais des boulons pour des boutons et des fils en sortait mimant en cela un vieux poste TSF et je jouais au Robinson essayant de contacter le monde .

Mon père ,chauffeur routier ,absent toute la semaine ,ma mère m'instruisit des réparations que l'on pouvait effectuer avec trois fois rien ,elle avait le dessein dans les doigts ;je n'en ai rien hérité ,elle était styliste de mode ,enfin disons qu'elle dessinait de superbe vêtement pour quelques couturières de la ville ,sans apparaître .......Je pense que c'est d'elle que je tiens ce désir de fabriquer et de créer de mes doigts .......

J'envie des fois ceux qui ont la chance de tomber dans le creuset très jeunes ,mais parfois je trouve que décider de devenir ou de faire un métier "artistique" n'est pas forcément un héritage ni ne découle d'un parrainage parental ...
Je veux dire en cela ,qu'il ne sert a rien de forcer une nature ,j'ai dirigé mes enfants vers ce métier mais aucun des deux n'en a fait son profit ......................ce n'était pas leur avenir .....

Je tiens ,si tu le permet ,à féliciter ceux qui on vraiment l'envie de faire quelque chose de leurs dix doigts ,(au sens littéral du terme ) ceux qui sont tombé dedans par hasard ! au détour d'une rencontre ! ceux qui veulent vivre une passion et qu'importe si cela ne "rapporte pas " ! je leur enjoint de continuer ,d'apprendre si ils en ont la possibilité ,ou d'apprendre plus tard ,comme je le fais encore ...................;

Merci Michel pour ce morceau de ton histoire ,poétiquement romantique et bienvenu au 500 ème !!!!!

J'aime beaucoup la manière dont vous racontez tous les deux comment vous avez découvert le métal !
Le laminoir-locomotive, quelle invention !!!

Merci pour ce forum car comme tu le dis si bien Michel, tu "favorises tant de passions" et c'est grâce à des personnes comme toi qu'on peut avancer.

Pour ma part, pas grand chose à dire, j'ai toujours collectionné tous les cailloux que je croisais (à 5 ans, j'en perdais mon pantalon puisque ça amusait beaucoup mon frère et ma soeur de m'en donner tout pleins pour remplir mes poches) et j'ai toujours imaginé un tas de trucs, que ce soit en dessinant ou en bricolant en piquant tout ce que je trouvais dans l'atelier de mon père (mon père est technicien dans une centrale nucléaire, mais il a un atelier pour faire des bricoles électroniques, tester tout et n'importe quoi, réparer les machines en tout genre et surtout, démonter quand il ne comprends pas comment fonctionne un engin, je crois que je ne vais pas lui laisser mon outillage par la suite )...
Enfin tout ça pour dire que j'ai toujours été bricoleuse, mais je ne savais pas encore jusqu'à l'année dernière que c'était la bijouterie ma vraie passion, depuis que j'ai commencé, je n'ai jamais eu aussi hâte que mon réveil sonne le matin... (et pourtant, je n'ai jamais été du matin)

Je souhaite à tout le monde de découvrir ce pourquoi il est fait, c'est juste un pur bonheur de ce lever le matin avec un grand sourire et de se sentir bien, posé et heureux

Bonjour Lizoos,

C'est une super chance d'avoir un père qui a un atelier.........

Les pères sont bien obligés de prêter leurs outils à leurs filles et fils.

Belle fin de journée, bon dimanche....sans le réveil peut être........mais lundi debout très tôt.....et au boulot...

Michel Zim

Une sacrée chance oui, puisque certe il a un atelier, mais en plus et surtout c'est un papa "en or", y a qu'à voir comment il est adorable, avec son frère et un voisin, ils sont en train de me faire un établit pour quand je remonterai en touraine... (Ah là là, tous accros au bricolage)

En effet, pas de réveil pour demain, mais hâte d'être lundi pour retrouver l'atelier...

Bon dimanche à toi également

Elise

Salut la compagnie,
je pense que l'anecdote du train est partagée dans le monde entier... j'ai entendu dire qu'un bijoutier fort connu de Saint-Étienne avait fait un essai similaire dans son enfance.
Sauf que lui, il avait posé une pièce de monnaie, en Franc à l'époque, sur le rail du tram de la grand'rue stéphanoise. Avec pour résultat de faire dérailler ledit tram... personne n'a su qu'il en avait été la cause, y'a prescription maintenant alors j'en profite pour raconter.
Toujours est-il que 15 ans plus tard, il était lui-même bijoutier...

Et pour ma part, même si je ne suis encore ni éminent ni d'un âge respectable, j'ai tout de même commencé mon apprentissage de la matière en collectionnant les cailloux, les plumes et les bouts de bois...
Et je viens de m'apercevoir que j'ai dû réaliser mes premiers bijoux à l'âge de 7 ou 8 ans en décalquant, coloriant et renforçant au Scotch un dessin de guêpier d'Europe... monté avec une épingle à nourrice au dos, ma mère possède toujours cette broche.
Mais à l'époque je voulais être prof d'Anglais !

Bonjour Rolf,

Je suis étonné qu'un tramway ait pu dérailler avec une pièce de monnaie......alors mieux vaut une grosse locomotive de 40 tonnes...

Très sympatique aussi cette broche de papier que conserve encore ta mère.....de l'or à ses yeux certainement.

Bonjour Lizoos,

Si ton papa est en or...il doit mainenant valoir encore plus cher.....surtout avec cet établi qu'il te prépare avec son frère et un voisin.....

Tu nous montreras tout cela en photo. ( Nous sommes tellement curieux.......et curieuses ).

Beau dimanche à tous les deux.

Michel Zim


P.S. Info sur les vieilles locomotives canadiennes:

http://www.sciencetech.technomuses.ca/francais/collection/locomotives03.cfm

Bonjour à tous et merci,

Pour ma part, j'ai l'impression d'être un professionnel sans métier, ceci ne voulant pas dire que je n'ai pas de métier, au sens de la pratique (30 ans).
Les prémices qui me sont en mémoire ne concernent pas de tels gestes que ceux que vous évoquez. J'étais toutefois sensitif et même émotif.
Mes parents m'ont permis l'amorce de pratiques artistiques, sans que je sache actuellement pourquoi et comment elles se sont rapidement arrêtées.
J'ai ainsi quelques signes précurseurs. Enfant: amorce de dessin en école d'art, intérêt pour la fabrication de mobile et mobilier (?), intérêt en 6emme pour la généalogie des rois de France (surprenant, n'est ce pas, dotant dans une famille communiste !), surprise et émerveillement devant la structure de la langue anglaise en 6eme (remise en question d'un abord mécaniste !), débats philosophiques à partir de l'age de la 5eme (structure de la réflexion, structure du monde....), apprentissage du dessin technique (une école... une pratique structurante), photographie en autodidacte entre 20 et 30 ans, avec montage de plusieurs labos, y compris associatif. Un métiers en bureau d'étude m'a demandé de structurer les conceptions des plans d'installation et des messages (pour en favoriser la lecture et la compréhension). Travailler sur les chantiers, pour des installations électriques, industrielles ou domestiques me gardait manuel.
Le métier que j'ai appris n'est plus mon métier, en même temps que je ne me suis pas donné la peine d'en apprendre un autre de la société.
J'ai retrouvé tous cela présent, lorsqu'à 32 ans je choisi d'être dans la création de formes et de bijoux.
Le passage ne s'est pas fait brusquement, mais sur une période de deux ou trois ans.
Je retrouvais et identifiais les apports de ces gestes.
Je rencontrais ce qu'il peut y avoir de magique dans la fréquentation des matières (au départ en nombre réduit) et des formes qui nous affectent.
Une aventure comme de nombreux métiers peuvent le permettre, selon la façon que nous les parcourons.

Question parcours, merci Michel pour ta bannière qui annonce le millier javascript:emoticonp('')javascript:emoticonp('').
D'ailleurs et pour rebondir (le diable se cachant dans les détails.javascript:emoticonp('')), je propose la vision suivante, "Preuve est faite que le partage de nos expériences est une belle direction pour des mondes dans un univers de plus en plus sympathique".javascript:emoticonp('')
Il y a tellement de porosité dans ces mondes et ce que nous sommes !

Aventi

Bonjour Cividiti,

Tu as donc avec le temps joint ton attirance pour tout ce qui est dessins et couleurs...avec ta capacité à comprendre les structures qui se cachent dans toutes les créations, divine ou humaines, matérielles ou de l'esprit.

Dans ce sens je crois que tous les métiers ont cet avantage de fédérer ces aspects de notre légitime curiosité pour la beauté et le plaisir de se mettre à notre tour à créer.

Je crois que là est une grand part du rôle essentiel des humains sur terre, produire des merveilles utiles pour rendre ce passage sur terre le plus facile et le plus agréable....pour le reste il suffit d'accepter notre statut de créature incapable de parler au nom d'un ou du Créateur.......et sans culpabilité..........car non responsable d,avoir été jetté dans ce monde.

Belle journée.

Michel Zim

En ce qui me concerne, j'ai été familiarisé très jeune aux métiers manuels. En effet, mon grand père ébéniste m'avait fabriqué pour Noël 1985 un établi d’ébéniste ajusté à ma taille de gosse de 4 ans et demi! (je suis né en 1981). Je traînais toujours dans les pattes de mon grand père lorsqu'il bricolait et j'adorais ça.
Cet établi, hormis les dimensions, était la réplique exact de l’établi de mon grand père. Il avait ajouté à cela quelques outils : marteau, scie à bois, vilebrequin, ciseaux à bois, rabot...
Et sous les yeux émerveillés et les éclats de rire de mon arrière grand mère, je donnai des coups de marteau maladroits qui laissaient transparaître la joie que me procurait ce merveilleux cadeau!
J'ai conservé cet établi, mon grand père l'a rafraîchi il y a quelques mois et je vais le mettre dans mon salon en attendant que mon petit garçon de 4 mois soit assez grand pour éventuellement jouer avec.
Quelques années plus tard, de temps à autre avec ma mère je rendais visite à mon père dans sa bijouterie.
J'entends encore les protestations de mon père lorsqu'il me voyait me précipiter sur son bocfil pour l'empoigner fermement!
Dans ces cas là, je pense qu'au fond de lui même, il savait qu'il pouvait dire adieu à la lame de son porte scie!  
12 ans après l'anecdote de Noël 85, je rentrais au lycée professionnel de Mérignac en gironde pour apprendre l'horlogerie et ainsi mettre le pied dans cette corporation.
Je remis mon grand père au travail afin qu'il me fabrique un établi de joaillier (réplique de celui qu'il avait fabriqué à mon père 25 ans plus tôt) que j'installais à coté de celui de mon père et depuis 15 ans maintenant, je travaille sur cet établi que je ne me lasse pas d'admirer.
Johan.

Bonjour Michel.

J'ai eu un amour tout au long de locomotives. Il a commencé comme un enfant dans les années 1950 quand j'ai mon père et je voudrais visiter les ateliers de ALCO à Montréal, où mon oncle était le directeur général.

J'ai passé l'été 1969 en RCR Weston Locomotive boutique de réparation de Winnipeg. C'était merveilleux et je sais que je peux encore reconstruire un moteur diesel de 4,5 MW à partir de la trame vers le haut.

Malheureusement, comme un laminoir, il est trop grand pour mon petit atelier.     

Bonne journée à tous,

Dan T