Bonjour Les Océanides,
Je te réponds avec un peu de retard....
Il va de soi que je ne désire pas relancer un débat entre la fonte ( moins solide et moins précise ) et le travail fait entièrement à la main à partir de plané et de fil.
Notre forum se consacre uniquement et entièrement à cette dernière méthode de production et d'une mentalité de liberté totale qui en découle.
Lorsque tu seras à la BJO, qui demeure à mes yeux ( malgré quelques critiques que je pourrais formuler...mais que je ne soulignerai pas ici...) la meilleure des écoles de France, sinon la meilleure du monde........car toujours branchée sur la haute joaillerie et sa grande tradition séculaire parisienne, soit très curieuses de tout, écoute mais aussi pose un maximum de questions....tu en tireras un très grand enseignement et de très nombreux contacts qui te seront utiles toute ta vie.
Mais voilà......il est important de savoir que pour l'immense majorité de pièces disponibles au public, y compris pour les clients de la Place Vendôme, ces bijoux depuis l'après-guerre sont en fait presque toujours des moulages......bref de la fonte.
Le moulage est depuis très longtemps présent dans le monde de la bijouterie, et remonte à la plus haute antiquité.
Les anciens avait bien compris qu'ils pouvaient à la fois modeler directement les métaux précieux à froid en leurs imposant des forces mécaniques grandes ou petites via divers support et divers outils, mais aussi en les utilsant sous forme liquide en les versant dans des cavités de sable ou de terres réfractaires, en passant par des sculptures de matières grasses animales enveloppées de ces terres réfractaires qui après une première chauffe permettait d'y couler les métaux en fusion.
Après guerre, chez les dentistes américains, l'évolution rapide des techniques de moulage s'est tès vite répendue dans la production de la bijouterie-joallierie en occident....ce sont même les plus grands ateliers qui ont eu les moyens en tout premier de s'équiper de la sorte.......les artisans ne suivant que petit à petit, eux qui connaissaient déjà la pratique du moulage à partir du sable et des os de seiche.
La procédure pour ce moulage, passait et passe encore par la production d'un prototype, qui peut être produit soit en métal ( souvent en argent...j'ai connu une époque où toutes les maquettes étaient en or et dormaient ensuite dans des tiroirs...joli placement ) ou encore en cire, du moins pour la question d'un premier volume à mmaîtriser ( avec toutes les lourdeurs et imprécisions pouvant en découler, mais cela est une autre histoire )......
...Une fois la maquette prête, elle sera enfermée dans un caoutchouc qui sera galvanisé à chaud, ( il est aussi possbile avec des élastomères de produire des moules à froid ) pour aisni produire une moule qui sera ouvert avec un scalpel pour ensuite, en l'ayant refermé, y injecter autant des fois ( des milliers parfois ) que l'on voudra de la cire obtenant ainsi un volume tout en cire identique au prototype....
...Ces cires qui seront ensuite collées sur un axe ( on dit un arbre ) de cire, le tout recouvert de plâtre réfractaire ( un cylindre ), qui passera dans une machine à faire le vide, le but étant d'enlever le maximum de bulles d'air possible de ce plâtre, pour ensuite une fois sec le chauffer de manière à ce que toute la cire disparraise totalement.
Alors le métal en fusion sera par la force centrifuge versé pour remplir la totalité des vides contenus dans ce plâtre.
Depuis quelques années s'est ajouté la conception par ordinateur, qui permet de virtualiser des projets en trois dimensions sur un écran pour ensuite confier ces informations à une imprimante en trois dimensions qui ( la nuit ) produira sans avoir besoin d'un maquestiste joaillier à la cheville, une ou plusieurs cires prêtes à être recouvertes de plâtre....
Sans parler de la faible structure de la fonte versus le plané laminé, ainsi petit à petit le monde de la bijouterie-joaillerie n'aura plus vraiment besoin d'ouvriers bijoutier-joaillier sachant construire à la main tout ce que l'esprit peut imaginer comme créations originales.......si ce n'est que qu'un très petite équipe de penseurs, joalliers ou non...pour donner des centaines de fontes à gratter à quelques dizaines voir quelques centaines ( en Asie c'est parefois le cas ) d'ouvriers qui bien sûr gagneront leurs vies mais n'y trouveront ni liberté et encore moins de bonheur........( Triste oui )
Il bien évident que par ces technologies de la reproduction ( fontes ) et par la rapidité des ordinateurs, l'objectif des grands groupes est de produire toujours plus, d'envahir tous les segments de marché, avec en soutien à la diffusion de beaux discours ( pub ) rassurant la clientèle sur l'authenticité et la tradition ancestrale ( cocorico ) bien ancrées dans l'esprit du public......
Les perdants sont les clients, les ouvriers, les créateurs et même l'état ( qui doit gérer le chômage ) bref....nous sommes tous perdants.....
Le but de la vie est-il, via la technologie, d'enrichir de plus en plus un petit nombre, ou au contraire, de chercher à être heureux et fier de produire de la très haute qualité à une échelle humaine et de trouver dans le rapport directe entre artisan et clients toutes la satisfacitions que notre nature humaine est en droit de s'attendre.
Je crois donc que nous avons à la fois le devoir et la liberté de défendre une production qui repose sur le travail du métal dans son meilleur état, et par la richesse des personnalités des artisans et artisanes, répendre de la beauté, de la culture...et non pas être uniquement au service d'un chiffre d'affaire......
Un ami intelligent bijoutier-joaillier à Paris, très bien placé dans ce monde de la joaillerie parisienne, me disait tout dernièrement que cela était de la résistance et qu'il fallait que je ne change rien à mon état d'esprit présent dans mes ( nos ) propos et dans ma ( nos ) production(s).......
Résister est un effort de tous les jours, l'indépendance se paye plus cher bien sûr, mais le résultat en vaut la peine.....et puis étant de passage une seule fois sur cette palnète terre, je préfère haut la main, y laisser une trace toute personnelle et en rien au service de donneurs d'ordre.
Je pourrais continuer des heures sur cette analyse, sur les tenants et aboutissants de ces pratiques de reproduction qui ne sont pas sans conséquences négatives pour les citoyens, tant sur le chomage que cela produit que sur les pertes culturelles......pour le coeur.....
La production de masse banalise.....Seul l'artisan peut à chacune de ses productions y mettre tout son coeur en toute liberté.......................heureusement dans quelques grandes maisons de la place Vendôme, des clients aisés et surtout des clients éclairés donnent encore des commandes de pièces joailleires encore faite entièrement à la main sans aucun moulage....
À nous artisans, de porter comme eux ce flambeau le plus haut possible.
Toute mon admiration pour les artisans, où qu'ils se trouvent sur terre, produisant à la main sans moulage des merveilles, simples ou grandioses.......pour notre bonheur et pour celles des générations à venir.
Que serait le tourisme en France si il n'y avait eu dans les siècles passés des millions d'artisans ayant produit partout ces chefs-oeuvres que des dizaines de millions de touristes annuellement de par monde viennent admirer.......
Sois fier d'aborder ce métier........et à toi de le pratiquer pour en être heureuse.
Que ce forum puisse t'aider......lui aussi.
Belle et bonne journée à toutes et à tous.
Michel Zim
P.S. Un peu long je m'en excuse........en réalité j'ai fait court....
Pour me situer un peu. Je suis nouvelle et découvre avec bonheur le forum. Je vais commencer dans moins d'un mois un CAP de bijoutier à l'école de la rue du Louvre
Donc... (ma joie m'égare) j'ai été très étonnée de lire la présentation de Vegan. Elle disait qu'elle trainait des pieds pour aller travailler alors qu'elle est dans une grande maison de haute joaillerie, où elle travaille "la fonte".
Etant novice voulez-vous bien m'expliquer quelles sont les différentes méthodes de travailler en bijouterie entièrement fait main non compris, bien sûr, et un peu m'éclairer sur les us et coutumes du milieu.
Et je ne pensais que les grandes maisons avaient abandonner ce qu'ils se targuent de dire, la grande tradition française de la BJO...
C'est un peu triste non?