Si vous avez accès à une imprimante LASER, bande de veinards, voici une méthode simple et rapide donnant de très bons résultats si elle est appliquée avec soin, pour transférer une dessin ou du texte sur de nombreux matériaux.
En effet, vous pourrez appliquer vos motifs sur tous les métaux mais aussi sur du bois, du plastique ou d'autres matériaux plutôt fermes et résistant à l'ACÉTONE.
Ma méthode n'est qu'une variante de la méthode à l'acétone, souvent citée mais rarement bien décrite. Elle est le fruit de multiples essais, erreurs et réussites (Ah, quand-même, finalement, depuis qu'on l'attendait...).
La qualité obtenue dans le rendu de votre motif sur métal est principalement limitée par la qualité de votre imprimante LASER et la finesse du motif imprimé. Oui, je sais, vous n'y croyez pas encore, mais vous verrez... Pour ce qui me concerne, j'utilise une imprimante laser bas de gamme, la moins chère trouvée (80 €).
Le principe est basé sur le fait que le TONNER, (poudre qui a été fixée par chaleur sur le papier par votre imprimante laser), est dissout par l'acétone.
J'insiste une dernière fois et très lourdement sur le fait que cette méthode ne fonctionne pas avec une impression jet d'encre (et pas jets d'ancres comme disent nos amis marins) mais uniquement avec une impression laser. Soyez attentifs que diable!
Pour ceux d'entre-vous qui sont pressés, qui travaillent à l'instinct, qui sont prêts pour se planter ou qui n'aiment pas lire, voici un abrégé qui indique les principales étapes.
1) Imbibez d'acétone votre impression laser à transférer (au dos).
2) Appuyez délicatement le dessin, côté tonner sur le métal émerisé.
3) Brunissez très légèrement au dos du papier.
4) Laissez sécher complètement.
5) Imbibez généreusement le papier d'eau pour le ramollir.
6) Frottez le papier avec le doigt pour l'éplucher.
Pour ceux qui veulent réussir du premier coup et comprendre leurs erreurs passées, il faudra lire l'ensemble des explications détaillés ci-dessous. Quelle corvée!
Partez donc du dessin choisi (au feutre, stylo, plume et encre de chine, crayon fin et noir, dessin assisté par ordinateur, dessin pompé sur Internet voire copie d'écran pour ceux qui n'ont aucun scrupule) et au besoin, scannez-le. Ce dessin peut présenter des détails très précis, mais ses traits doivent cependant être bien noirs et nettement marqués. Les demi-valeurs et les traits super-fins passeront difficilement l'étape du transfert. Sur mes illustrations, les traits inférieurs à 3 pixels d'épaisseur ne seront quasiment pas transférés. Ceci dit, c'est quand-même très fin.
Vous vous retrouvez avec un fichier numérique nommé et classé quelque part (j'espère pour vous, sinon c'est pas gagné pour remettre la main dessus) dans votre ordinateur.
Insérez ce fichier sur une page blanche à l'aide de votre logiciel de traitement de textes ou grâce à votre logiciel d'édition ou de traitement d'images préféré (par exemple Photoshop pour ne donner qu'un exemple au hasard et sans aucun parti-pris évidemment).
Profitez-en pour le placer de nombreuses fois et dans des tailles différentes. Ceci permettra de rentabiliser votre feuille de papier (à 1,6 cent d'€ en moyenne par feuille quand-même. Pas avare mais économe!). Ce sera surtout très utile si vous loupez votre premier essai ou si vous souhaitez réutiliser ailleurs votre motif.
N'oubliez pas qu'au moment du transfert, votre impression sera inversée sur le métal, car il faudra retourner votre feuille de papier avec le motif contre le métal. Eh oui, les plus malins d'entre-vous s'en seraient douté bien sûr. C'est donc le moment, juste avant d'imprimer, où il faudra inverser votre motif (Image / Rotation / symétrie axe horizontale par exemple avec Photoshop). Votre interface d'imprimante saura très bien faire ça si vous cliquez dans la case "Inverser la page" que vous trouverez bien quelque-part. Non, ce n'est pas difficile et vous me remercierez quand vous transfèrerez du texte et qu'il se retrouvera magiquement à l'endroit sur votre plaque de métal.
Si votre impression est de qualité médiocre, le transfert le sera aussi. Donc, soignez la qualité d'impression, c'est un des paramètre limitants.
Une fois l'impression obtenue sur le papier imprimante tout à fait vulgaire (quand je dis vulgaire, j'entends par là du papier pas cher, pas épais, de qualité moyenne et non pas du papier sur lequel sont écrites des grossièretés ou des blagues de bas niveau. Nan-mais!).
Dès que votre impression est faite (qualité maximale, sans économie de tonner), vous pouvez passer au transfert, sans autres étapes ni matériaux spéciaux, transparents, cires, vernis, colles ou autres.
Vous voilà donc en possession d'une magnifique impression laser sur une feuille de papier.
Découpez maintenant le motif à transférer. Vous n'avez même pas à suivre le contour du dessin, c'est juste pour le séparer de la feuille et des autres motifs.
Avant de transférer ce dessin (ou texte), il convient de préparer sommairement votre pièce de métal. C'est de négliger cette étape qui fait (entre-autres) que de nombreux transferts sont des échecs.
Nettoyez le métal et enlevez les taches grasses, traces de feutre (quoiqu'il soit possible de laisser des traces de marqueur indélébile fin par exemple en tant que repères de positionnement du futur transfert), cires, peintures etc.
Je vous conseille très fortement d'émeriser votre surface de métal pour y créer "de l'accroche" pour le dessin à transférer. C'est l'une des clefs du succès. Sans cette "accroche", le résultat obtenu sera moins solide et parfois sujet à des manques ou parties plus pâles et moins précises. Avec du soin, on peut cependant transférer de manière très satisfaisante même sur métaux avivés (mais à part pour les gravures, je ne vois pas trop l'intérêt de se compliquer gratuitement le travail).
Utilisez un papier émeri de grain 400 / 600 / 800 / 1000 au maximum. Plus l'émerisage sera fort, meilleure sera l'accroche. Donc un grain 400 (ou même moins si ça ne vous gêne pas pour la suite de vos travaux) serra préférable à un grain 1000.
À la fin, la surface de votre objet devra être dépolie et matte. Je trouve que des passages croisés donnent de meilleurs résultats encore que des passages circulaires. Le geste à faire avantagera sans aucun doute ceux qui commencent à souffrir de la maladie de Parkinson, enfin, je crois...).
De l'argent par exemple, sortant du déroché est juste bien mat et convient parfaitement.
C'est pour avoir négligé cette étape que nombre de transféreurs débutants sont allés de désillusions en échecs et ont rapidement abandonné la méthode pour chercher des substituts plus tordus et compliqués les uns que les autres (voir mon Tuto. "TRANSFÉRER sur métal un motif imprimé au JET D'ENCRE", dans "TECHNIQUES et ÉTAPES / Gravure et ciselure...").
Nous passons maintenant au transfert proprement dit.
1) Imbibez d'acétone votre impression laser à transférer (au dos).
Préparez à votre portée un petit pot d'acétone (n'oubliez pas d'éteindre votre cigarette, votre chalumeau et votre lance-flammes avant d'enlever le couvercle du pot), des brucelles si le dessin à transférer est sur un petit bout de papier, un brunissoir ou autre objet lisse du genre petite cuillère ainsi que l'objet métallique sur lequel vous allez effectuer le transfert.
Trempez le papier portant le dessin pendant environ 3 secondes entièrement dans l'acétone. Si le papier est trop grand, imbibez-le (le papier, pas vous) avec un coton-tige trempé dans l'acétone. Attention, ce coton devra être passé au dos du papier et pas sur le motif. Le dessin sera instantanément visible par transparence à travers le papier. Avec la méthode du coton tige, il est bon de re-imbiber le papier trois ou quatre fois de suite, il ne doit jamais sécher totalement. L'acétone en imbibant le papier, a dissout le tonner qui est maintenant devenu mou et légèrement collant.
2) Appuyez délicatement le dessin, côté tonner sur le métal.
Placer le papier encore légèrement imbibé (pas sec, mais pas trempé, donc il n'est plus brillant d'acétone) contre le métal, à l'envers c'est à dire tonner en-dessous. Le motif est toujours visible par transparence et donc assez facilement positionnable. Faites le légèrement adhérer au métal en appuyant dessus, très-très légèrement avec le doigt. À partir de cet instant, le papier ne doit plus être bougé du tout.
3) Brunissez très légèrement au dos du papier.
Juste avant que le papier ne soit totalement sec (il est toujours transparent et humide mais ne brille plus), frottez, toujours très légèrement, quasiment sans appuyer, cette fois avec le brunissoir ou le dos de la petite cuillère. Frottez dans tous les sens en croisant vos passages pour être certain que les plus petits détails du motif soient bien appliqués sur le métal. Si vous avez trop appuyé, les traits fins du motif seront écrasés et l'ensemble perdra en finesse.
Si vous n'avez pas eu le temps de tout frotter, remettez un peu d'acétone avec un coton-tige et continuez de frotter. Renouveler autant de fois que nécessaire cette dernière opération.
4) Laissez sécher complètement.
Laissez totalement sécher le tout, je dis bien to-ta-le-ment. Au besoin, vous pouvez souffler sur le papier pour accélérer. Attendez encore 30 secondes pour être sûr...
5) Imbibez généreusement le papier d'eau pour le ramollir.
Surtout, n'enlevez-pas le papier maintenant. Le tonner adhère en même temps sur le métal et le papier. S'il tient mieux sur le papier que sur le métal, il sera presqu'entièrement effacé de votre objet (cas fréquent avec les transferts sur métal avivé brillant). Si vous remettez de l'acétone pour enlever le papier (comme font certains paresseux), le motif sera trop ramolli et s'enlèvera en partie du métal.
Imbibez généreusement le papier avec de l'eau du robinet. Une petite éponge est utile si vous faites souvent des transferts de grande surface. Certains gros dégoutants utilisent de la salive, ça marche aussi mais c'est franchement "beurk", surtout si vous travaillez devant les clients!
6) Frottez le papier avec le doigt pour l'éplucher.
Pour enlever proprement le papier (enfin, c'est une façon de parler, vous verrez...) et garder l'ensemble du tonner et du motif sur le métal, il faut utiliser de l'eau et "éplucher" le papier.
L'eau n'a aucun effet sur le tonner collant au métal.
Quand vous pensez que le papier est ramolli, commencez à frotter très légèrement la surface du papier avec la pulpe d'un doigt. Il vous faut beaucoup de douceur et ne pas enrouler tout le papier d'un coup. Si j'osais une comparaison un peu limite, il vous faut un "doigté de gynécologue"!
Le papier s'épluche petit à petit et fait des tas de tortillons (que vous enlèverez évidemment à la fin parce-que vous aimez la propreté). Le dessin commence à être visible. Remettez de temps en temps de l'eau pour que le papier reste surtout bien mouillé.
N'essayez pas d'aller trop vite. Devant vos yeux émerveillés et remplis de larmes de bonheur, le motif dans son entièreté se révèle à vous. Il y a longtemps que vous n'aviez pas atteint un tel niveau de réussite et de satisfaction.
Mais ce n'est pas terminé, non, amis enthousiastes, vous allez maintenant atteindre le niveau "Dieu"!
Très légèrement, continuez de frotter dans tous les sens le dessin. Des restes de fibres de cellulose vont encore s'enlever, surtout sur les intersections de traits, sur les traits épais ou dans les micro-espaces entre deux traits rapprochés. C'est très visible au microscope ou à la loupe puissante.
Insistez un peu. Quand votre doigt ne sent plus de sur-épaisseurs à certains endroits, le travail sera terminé.
Vous serez étonné par la finesse du transfert. Il sera en fait presqu'aussi fin que ne l'était l'impression sur le papier. Seuls les traits ultra-légers auront disparu. Sa solidité aussi vous étonnera. Faites des tests de résistance par frottements agressifs et vous pourrez juger par vous-même.
Si vous souhaitez faire disparaître tout ou partie du motif transféré, pas besoin d'émeriser. Utilisez plutôt un peu d'acétone sur un chiffon ou un coton-tige pour des détails à enlever.
Et voilà, c'est terminé. La réalité des choses est en fait bien plus rapide que la lecture du procédé (et je ne vous parle pas de son écriture!). Une fois que vous avec votre impression sous la main, le transfert lui même peut se faire en moins de deux minutes.
Le travail au bocfil peut être lancé, le long de traits nets, bien précis et qui ne s'écaillent pas ni ne s'effacent. Le travail au burin de graveur (ou à l'échoppe) se fera avec bonheur sur de fines lignes persistantes.
Je sens que vous allez en abuser, alors amusez-vous bien! Je reste évidemment à votre disposition pour répondre à vos angoissantes questions.