Incrustation argent sur bois: ma petite recette

Bonjour,

A la demande de certain, ma petite recette pour réaliser des pièces en bois incruster d’argent / or. Je fais ça en tant qu’amateur et les étapes ci-dessous ne sont issues que de mon expérience personnelle (limitée) ^^.

Type de bois :

Pour ma part, j’affectionne les bois mi-durs à grain fin (prunier, aubépine). Je travaille surtout avec les essences du coin. Les bois plus durs (charme par exemple) sont plus galères à incruster, mais ça reste tout à fait faisable tant que la surface est plane.


Préparation du bois :

Comme je coupe le bois autour de chez moi, il faut d’abord le faire sécher jusqu’à ce que l’hydrométrie soit stable. Je pèse le bois avec une balance de précision et le stocke dans un sac plastique fermé. Tous les jours, je le sors, pour le faire sécher, et dès qu’il a perdu de l’ordre 0.5% de son poids initial, je le remets dans le sac plastique. C’est fastidieux, mais ce séchage lent permet d’éviter les fissures qui peuvent apparaître au séchage. Quand le poids du bois ne bouge plus (<0.1% sur plusieurs jours), on est bon. On laisse encore sécher quelques semaines dans un coin aéré.

Quand le bois est bien sec, on découpe la pièce et on ponce tout ça au grain fin (320). Suivant la forme pièce, il va falloir la laisser reposer quelque temps (disons quelques semaines) pour laisser le bois travailler et rééquilibrer les tensions. Après repos, on peut éventuellement reprendre un peu la pièce si les surfaces planes ne sont plus planes. Note : si on ne laisse pas le bois travailler et qu’on incruste directement après la découpe de la pièce, il y a de fortes chances qu’après quelques semaines, les incrustations sautent.

Globalement, ce qu’il faut retenir, c’est que plus le bois aura du temps pour travailler avant l’étape d’incrustation, moins il a de risque d’avoir de mauvaises surprises. Pour ma part, j’ai un petit stock de bois qui sèche quelques années avant utilisation.


Incrustations :

Une fois qu’on a fait son dessin sur le bois au crayon à papier, on va répéter les étapes suivantes :

• Sélectionner une section à incruster qui sera faite d’un fil d’argent / cuivre / or / etc. d’un seul tenant.
  
• Inciser le bois avec un ciseau à bois pour les traits droits / gouge pour les courbes. L’incision se fait à la verticale. Par exemple, on pose le ciseau à bois à la verticale sur le trait à inciser, et avec un petit mouvement de balancer perpendiculaire au trait, on laisse le ciseau pénétrer doucement dans le bois jusqu’à une profondeur plus ou moins égale au double du diamètre du fil métallique à insérer. De proche en proche, on incise l’ensemble du trait.
  
• On prépare le fil. J’utilise du fil écroui à section ronde de 0.6mm. (Note : le fait qu’il soit écroui rend plus simple la réalisation de courbes régulières). J’aplatis le fil avec un petit marteau et un tas en acier. Ensuite, il faut donner au fil la forme exacte de l’incision, le couper à la bonne dimension, et reprendre les deux extrémités à la lime (l’écrasement généré par la pince coupante se verra sinon). Petite note: l’aspect régulier de l’incrustation, et autant (sinon plus) donné par la forme du fil avant incrustation que par la forme du dessin incisé dans bois. Si pour faire une courbe l’incision dans le bois est parfaite, mais que le fil a une courbure avec des petits angles, le rendu final ressemblera à la courbure imparfaite du fil… Ne pas essayer d’aller trop vite en se disant que le fil s’adaptera  à l’incision ! Parce que ce n’est pas le cas…
  
• Faire entrer une extrémité du fil dans une extrémité de l’incision le plat à plat possible et pousser jusqu’à ce que le fil arrive en butée horizontal. Ensuite, j’utilise un outil d’encadreur pour faire pénétrer le fil : un plioir en os (https://www.boesner.fr/supports/cartons/materiel-de-reliure/plioirs.html#/3548-longueur-18_cm). Partir de l’extrémité insérée, et de proche en proche en proche, à l’aide du plioir, faire entrer le fil dans l’incision.
  Normalement, il faut forcer un peu. Si le fil rentre tout seul, c’est qu’il est trop fin par rapport à l’incision et il ne tiendra donc dans le temps (sauf à mettre un peu de glue…). Si l’on force trop, le fil se pliera dans sa largeur. Dans ce cas, le sortir et recommencer. Note, je n’insère pas le fil jusqu’au fond de l’incision de sorte à ne pas marquer le bois lorsque j’appuie avec plioir. Note 2, lorsque l’incision est faite, on ne dispose pas de beaucoup de temps pour insérer le fil. L’incision va se refermer d’elle-même et rendra impossible l’insertion du fil au bout de quelques minutes. Si l’incision s’est refermée, on peut toujours la réouvrir au ciseau.
  

• Quand tout le fil est incrusté, on peut passer une première couche de quelque chose (vernis ou autres) si l’on veut.
  
• On enlève le surplus de fil au papier verre grossier (180 par exemple) jusqu’à obtenir une surface métal / bois lisse. Ensuite, on va poncer au papier émeri. Attention, dès qu’on dépasse le grain 800, il y a un risque que la poussière grise de l’argent pénètre dans les micros-cavité du bois et que le rendu final soit terne (voire sale). Le papier émeri doit donc rester le plus propre possible (éviter par exemple de poncer la pièce sur une toute petite surface de papier émeri). En général, selon le rendu voulu, je vais jusqu’à 2000 ou 2500. Proscrire la pâte à polir lorsqu’il s’agit de polir des surfaces mixtes bois/argent : elle s’incrustera dans le bois en donnant une teinte grisâtre au bois.
  
• À ce stade, on peut mettre une couche de vernis et la lustrer ensuite pour un rendu brillant. L’avantage, le bijou aura une meilleure tenue dans le temps, car sera en partie imperméabilisé. Son hydrométrie ne bougera pas et la pièce ne se dilatera / rétractera pas (limitant donc le risque de faire sauter les incrustations). Ce n’est pas obligatoire, tout dépend de ce que veut le client et de l’usage de la pièce.
  
• Autre option : stabiliser le bois après incrustation. C’est radical, mais efficace… Bien entendu, la pièce obtenue n’est plus bois & argent, mais plutôt résine, bois, argent…
  

Quelques photos que j’ai trouvées d’un vieux test que j'avait fait où l'on voit bien étape avant / après ponçage grossier. Note : on comprend en regardant de près la nécessité d’ajuster le fil au plus près de l’incision, car ici, on est très loin de la perfection ^^.

Bonjour Yoyo !

Merci beaucoup pour ton retour d'expérience
Effectivement, la pâte à polir est plutôt à proscrire pour les bois mi-durs, mais par contre je n'ai pas vraiment de problème avec les bois les plus durs.

Bonsoir,

Merci pour ces explications, ta méthode est bien décrite et méticuleuse.
J'aime bien travailler le bois et j'en récolte de temps en temps que je laisse sécher mais avec moins de soins.
Pour éviter les gerces (fentes) aux extrémités, j'enduis les bouts avec de la parafine chaude.

Pour des bois durs, après ponçage, j'aime bien faire une finition avec de la pâte à polir appliquée avec une pièce de bois tendre (travail au tour) ou avec une bande de chiffon. Cela pour de petites pièces.

Pour de plus grosses pièces j'emploie du "fond dur" ou rebouche pores. Après le fond dur, je peux passer une laine d'acier très fine 000. Si je la passe avant, c'est la cata, des fragments de laine d'acier rentrent dans les pores et la surface est toute grisatre.

J'aime bien le buis, le houx (très clair, parfois avec une pointe de vert), je découvre le frène, et je vais faire des essais sur un bout de thuya qui me surprend car à la fois dur et léger.

Je ne fais pas d'incrustations, mais ton explication me donne des idées.

Alix a écrit:

Bonjour Yoyo !

Merci beaucoup pour ton retour d'expérience  
Effectivement, la pâte à polir est plutôt à proscrire pour les bois mi-durs, mais par contre je n'ai pas vraiment de problème avec les bois les plus durs.

J'avais essayé la pâte à polir sur du bois dur (du charme en l'occurrence) incrusté d'argent, mais j'avais eu les même résultat désastreux... Dès que la pâte entre en contact avec l'argent, elle prend une couleur noire qui marque le bois. Sans incrustation, aucun problème sur du bois dur ou mi dur.
Quel bois incrusté as-tu essayé qui fonctionnait bien avec la pâte à polir ?

Note: Je ne parle que de bois non stabilisés. Si on les stabilise, ça résous le problème puisque tous les pores du bois sont bouchés.

je n'ai jamais essayé d'incrustation, j'ai utilisé la pâte à polir sur du buis et du houx pour des manches d'outils.
Une couche de fond dur est-elle considérée comme un traitement stabilisant, ou faut il une imprégnation plus poussée ?

Merci pour le partage !!! J'aime bien cette Lune !!

LucienL a écrit:

je n'ai jamais essayé d'incrustation, j'ai utilisé la pâte à polir sur du buis et du houx pour des manches d'outils.
Une couche de fond dur est-elle considérée comme un traitement stabilisant, ou faut il une imprégnation plus poussée ?

J'aurais tendance à penser qu'il n'y a pas de bonne méthode, juste un parti pris avec ses avantages et inconvénients !

• On parle de bois stabilisé quand il y a une imprégnation (de résine) à cœur. Cela se fait avec une chambre à vide. Le résultat est un bois qui ne bougera plus et qui sera insensible aux variations d'hydrométrie.
  
• On peut aussi se contenter d'un traitement de surface, vernis, huile, etc. Ca limite la sensibilité du bois aux variations d'hydrométrie mais ne l'empêche pas. Le bois continuera a travailler en regard de la variation de son taux d'humidité, mais beaucoup plus lentement qu'avec aucun traitement.
  

Mais pour répondre à ta question, non, une couche de fond dur n'est pas un traitement stabilisant. Ceci étant dit, sur des pièces dont les formes génèrent peu de tension dans le bois et pour lesquels les incrustations sont faites de petits fils, je les laisse sans traitement (sous reserve qu'elles ne soient pas portées à même la peaux). Quand il s'agit d'une pièce aux formes plus bizarres, ou incrustée de longs fils d'argent, ou qui sera au contact de la peaux (et donc de la sueur), je mets soit une couche de vernis polyuréthane (qui donnera un rendu brillant - on aime ou on n'aime pas), soit deux à trois couches de durcisseur qui a l'avantage de pénétrer dans le bois et de ne pas trop en modifier l'aspect final du bois.

papaours a écrit:

Merci pour le partage !!! J'aime bien cette Lune !!

Merci ! Il faudrait quand même que je prenne le temps de la refaire proprement à l'occasion...

Merci

J'avais un ami dans le temps qui habitais l'île d'en face ( Mooréa ) et qui faisait des incrustations de fil d'argent dans du corail noir !! cela ne m'a jamais vraiment fait triper mais son boulot était bien fait, fin et avec le corail le contraste était vraiment beau !!

je me doute de la façon dont il s'y prenait, bien que le corail noir soit une plante marine une fois séché c'est un matériau assez dur !

bref ;;;;;;;;


En feuilletant mes archives PC je suis tombé sur ce truc que j'avais du copier sur le net je pense !





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